La menace Zika est prise au sérieux. Ce 3 février, la ministre de la Santé Marisol Touraine a rencontré les parlementaires des DOM-TOM et la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin pour faire le point sur l’épidémie qui sévit en Martinique et en Guyane. A l’heure où plus de 3 000 cas ont été repérés dans ces départements, l’heure est à la prévention et au renforcement du suivi.
La situation autour du virus Zika est préoccupante. Outre la Martinique et la Guyane, des cas autochtones ont été signalés en Guadeloupe et à Saint-Martin, ainsi que 9 cas importés en métropole. « Je veux rappeler que la saison hivernale actuelle n’est pas propice au développement des moustiques en métropole et qu’il n’y a donc pas aujourd’hui de risque épidémique dans l’hexagone », a rappelé la ministre de la Santé.
Préservatif recommandé
Les complications, elles, restent rares : aucun cas de syndrome de Guillain-Barré n’est à déplorer pour le moment. Sur les 20 femmes enceintes touchées par l’infection transmise par le moustique, aucune n’a développé de complication affectant le fœtus. A ce sujet, Marisol Touraine a souligné que les suspicions concernant le lien entre microcéphalie (1) et virus Zika sont très fortes.
A tel point que plusieurs instances françaises – l’Institut Pasteur et le Conseil national professionnel de gynécologie et obstétrique (CNPGO) – ont recommandé le port du préservatif pour les femmes enceintes ou en âge de procréer. Un conseil étendu aux hommes susceptibles d’être infecté. En effet, le virus Zika pourrait être sexuellement transmissible. « J’ai saisi ce matin en urgence le Haut conseil de la santé publique pour qu’il me confirme, dans les tous prochains jours, ces recommandations pour la France », a annoncé Marisol Touraine.
Vigilance envers les femmes enceintes
Le CNPGO n’a pas attendu l’avis du HCSP pour émettre ses propres recommandations. Dans un document destiné aux professionnels de santé, ses membres expriment la nécessité des mesures de protection individuelle. Les femmes qui reviennent de zones endémiques devraient aussi bénéficier d’une surveillance échographique mensuelle. Elle permettra de mesurer le tour de tête du fœtus – afin de détecter une éventuelle microcéphalie. Un conseil d’autant plus précieux que l’avenir des nouveau-nés reste incertain.
Le risque théorique reste faible, rappelle toutefois le Conseil : la probabilité est de 0,1 à 16 % pour une femme exposée au 1er ou 2e trimestre de grossesse sur les chiffres brésiliens, de 0,5 % selon les données de la Polynésie française.
La prévention sera tout de même renforcée dans les départements français touchés. Marisol Touraine a annoncé le lancement de campagnes d'information radiophoniques et télévisées, ainsi que la destruction des gîtes permettant aux moustiques de pondre. Pour mener à bien cette mission, l'Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS) et les volontaires du service civique seront mobilisés. Le suivi épidémiologique sera également renforcé, tout comme l'envoi de matériel aux établissements hospitaliers qui accueillent les malades.
(1) Microcéphalie : Cette malformation congénitale se manifeste par un périmètre crânien inférieur à 33 centimètres à la naissance. Les nouveau-nés souffrent alors d’un retard mental dont la sévérité varie, mais reste irréversible. Le lien avec le virus Zika n’est pas avéré, mais au Brésil plus de 3 800 bébés sont nés avec une microcéphalie depuis le printemps 2015.