Ils veulent vivre, et pas seulement survivre. Les patients qui ont été atteints par un cancer souhaitent que la prise en charge insiste davantage sur la qualité de vie pendant leur maladie et après leur guérison, plutôt que la question de la survie et de la mortalité, que les médecins abordent davantage.
A l’occasion de la Journée Mondiale de Lutte contre le cancer, et alors que les taux de survie ne cessent de s’améliorer, il convient de rappeler ce constat, évoqué une nouvelle fois dans des travaux portant su le cancer de la prostate – le premier chez l’homme en terme d'incidence.
Questions intimes
Cette enquête européenne, menée par le laboratoire Janssen auprès d’hommes atteints de la pathologie, révèle que la qualité de vie des patients passe souvent au second plan. De fait, plus que d’autres cancers, celui qui atteint la prostate touche aux sujets les plus intimes. Or, les praticiens hésitent encore à évoquer les questions relatives à la sexualité et à l’ « après-cancer » - alors même que la survie à cinq ans s’élève à 94 %.
Au-delà d’une éventuelle gêne de la part des médecins, il faut voir ici un décalage entre les attentes des malades et celles des praticiens. A l’annonce du diagnostic, plus de la moitié des patients s’inquiètent de l’impact de la maladie dans leur couple et leur intimité, alors que les médecins, de leur côté, pensent que la mort prématurée constitue la première préoccupation du patient.
Pourtant, ces questions sont capitales, car les traitements ont un impact important sur la vie intime des patients. « L’hormonothérapie peut générer au long cours des problèmes de sexualité et avoir des effets délétères sur le couple, explique Nadine Houédé, oncologue médicale au CHU de Nîmes. Il faut incontestablement améliorer l’accompagnement de l’hormonothérapie, mieux aborder ses effets secondaires sur la qualité de vie, le ressenti ou encore l’image corporelle. »
Ce besoin d’accompagnement semble d’autant plus important que les patients ne manifestent pas l’envie d’évoquer ces questions sensibles avec leur partenaire. Ainsi, l’enquête révèle que six patients sur dix sont réticents à aborder les problèmes d’intimité avec leur conjoint.
Cancer du sein : un meilleur accompagnement
On retrouve cette problématique dans le cancer du sein, qui aussi touche à des attributs propres à la vie intime. Mais il semble que la prise en charge se soit améliorée et ait intégré cette dimension sexuelle.
« Les médecins sont parfaitement conscients du tsunami que représente un cancer du sein dans la vie d’une femme, explique Céline Lis-Raoux, rédactrice en chef de Rose MAgazine et Blu Magazine, des revues à destination des malades du cancer. Ils n’ont de cesse de rassurer ces femmes, à la fois sur leur guérison et sur la poursuite d’une vie "normale". La notion de qualité de vie a été très bien intégrée ».
Soins ambulatoires : le nouveau défi
Toutefois, il faut noter que les les traitements du cancer se font de plus en plus en dehors de l’hôpital. La prise en charge en ambulatoire change la donne, puisque les patients n’ont plus accès à ces soins de support et se retrouvent seuls face à leur maladie.
En outre, les médecins de première ligne ne sont pas toujours en mesure de répondre à ces problèmes de qualité de vie.« Autant, les spécialistes ont conscience des effets secondaires des traitements ; autant, on trouve peu d’écoute et d’information chez les généralistes », confirme Guy Volk, membre de l’Association nationale des malades du cancer de la prostate.