Certains trouvent cette célébration romantique en diable et ne la manqueraient pour rien au monde, d’autres n’y voient qu’un rite commercial de plus et la rejettent de toute leur force. En réalité, beaucoup d’idées préconçues traînent autour de cette petite cérémonie de l’amour.
D'abord, la fête de la Saint Valentin est beaucoup plus ancienne qu’on ne l’imagine. Elle est sans doute un héritage de la Rome Antique. On organisait alors tous les 15 février une célébration du dieu de la fécondité, des bergers et des troupeaux : les Lupercales. Ceux qui ont fait un brin de latin ne l’ont pas oublié.
Quant à la fusion entre l’idée de l’Amour et la Saint Valentin, l’affaire remonte au Moyen-âge. Il existait en ce temps-là une pratique que l’on retrouve aujourd’hui dans les soirées un peu potache : des « loteries de l’amour ». Tous les 14 février, les jeunes gens tiraient au sort le nom de leur élue et pavoisaient avec le patronyme accroché à leur manche pendant une semaine (1).
Ensuite, la « Valentine » n’est pas une amoureuse au sens strict, c’est un mot d’amour, une tendre missive que l’on s’envoyait le 14 février. Cette habitude charmante a été rapportée d’Outre-Manche par Charles d’Orléans. Le prince est connu pour les poèmes écrits pendant sa longue captivité anglaise. A son retour, il institue officiellement cette pratique à la Cour de France. Désormais, à cette date, il sera de bon aloi d’envoyer à sa dulcinée un mot d’amour. En 1496, la Saint Valentin sera instituée la fête des amoureux.
La suite est plus classique. Après les cartes postales ornées de Cupidons amoureux (19ème siècle), la folie mercantile s’est emparée du mythe ancien. Bouquets de fleurs, chocolats, montres (le tout en forme de cœur), repas romantiques et aphrodisiaques… les idées n’ont pas manqué pour faire grimper la flèche de Cupidon et attendrir le cœur de Valentine.
La Saint Valentin est devenue un rendez-vous précieux, un clin d’œil du calendrier quasi obligé. Pour les aficionados, elle rythme l’existence du couple et jalonne son parcours. Tout comme les anniversaires de mariage ou de rencontre –abondance de biens ne nuit pas- elle permet de mesurer le temps qui passe et l’attachement que l’on éprouve mutuellement. Les vies sont si rapides, si épuisantes, si centrées sur soi qu’il est doux, pour une fois, de fêter l’amour et son amour. C’est une manière de le reconnaître, de l’accompagner et de montrer qu’on pense à lui. Il le sait et ça lui fait plaisir. Certains ajouteront que si on est peu attentionné durant toute l’année, au moins, la Saint Valentin est là pour sauver la mise. Corollaire qui en découle, si on ne fête même pas la Saint-Valentin, alors il n’y a plus rien à espérer.
L’amour se tricote avec des petites attentions et des rituels. Des bouquets, des dîners en tête à tête, des chandelles, des étreintes de cinéma, des escapades improvisées, du charmant, de l’inattendu, de l’affectueux, du passionné, du tendre, de la complicité…Et la Saint Valentin fait partie de ce petit jeu-là.
Oui mais… la tendresse à date fixe, le dîner obligé au restaurant bondé le 14 février, la file d’attente interminable chez le fleuriste ou chez le chocolatier, non merci, disent les uns ! On peut fêter l’amour à tout moment, argumentent les autres. C’est tout à fait vrai, à condition de le fêter justement !
La vraie question est de savoir si la personne que l'on aime est attachée ou non à ce rituel, si on souhaite lui faire plaisir et comment préserver le fil ténu de la relation.
Alors le 14 février un jour sacré ? Il faut le croire, même les infidèles veulent le fêter. Ils ont trouvé la parade à ce rendez-vous quasi obligé de l’amour : puisque la soirée du 14 février est déjà réservée, l’amour clandestin, lui, sera fêté la veille. La pratique venue des Etats-Unis a été rebaptisée « Mistress Day » signifiant littéralement le « Jour de la Maîtresse ». Il faudrait aussi penser au « Jour des amants », il n’y a pas de raison de conjuguer les amours plurielles à sens unique !
En tout cas, désolée pour ceux qui ne voulaient pas entendre parler du 14 février, le 13 arrive !!!
(1) Tous les détails historiques sont sur lieninternaute.com