Elles ont entre 35 et 39 ans, vivent en milieu urbain et font partie, le plus souvent, des classes défavorisées. Portait-robot des victimes de violences conjugales que dresse l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint, note le journal La Croix qui publie en exclusivité l’étude de l’ONDRP. Un chiffre stable, preuve que les actions menées jusqu’à présent pour lutter contre ce fléau sont insuffisantes.
L’Office a interrogé entre 2008 et 2012 près de 70 000 personnes en leur demandant si elles avaient été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint (e) ou ex-conjoint (e). Rapporté à la population générale, le constat est édifiant : 540 000 victimes en deux ans.
Mais ce qui est encore plus surprenant, observe le quotidien, c’est le décalage entre ces déclarations et le nombre de condamnations prononcées pour violences conjugales : 10 65 pour l’année 2010. Un écart abyssal, souligne le quotidien et que décrypte le psychiatre Roland Coutanceau (1) : « Beaucoup de victimes éprouvent encore des sentiments à l’égard de leur conjoint violent. La plupart d’entre elles souhaiteraient avant tout qu’on les aide à reconstruire leur couple plutôt qu’à voir leur conjoint placé en garde à vue ».
Les violences conjugales touchent tous les milieux sociaux mais pas avec la même fréquence. Les femmes les plus pauvres se déclarent quatre fois plus victimes que les plus aisées. Interrogé par le journal , Bruno Willeron, directeur du Service d’investigation judiciaire, confirme : « Ce sont surtout des personnes ayant un faible niveau de revenus et d’instruction qui défilent devant nous ».
(1) Auteur d’un rapport sur les violences conjugales en 2006.