Les Français seraient plutôt favorables à l’assouplissement de la loi Evin sur la publicité de l’alcool. C’est en tout cas ce qui ressort d’un sondage Odoxa réalisé pour Le Figaro, la MNH et France Inter, auprès d’un échantillon représentatif de 1014 personnes interrogées sur Internet.
Ainsi, une courte de majorité (54 %) des participants a déclaré soutenir l’assouplissement de la loi Evin voté dans le cadre de la loi Santé. Cette mesure a provoqué un tollé dans le milieu de l’addictologie, qui a pointé les risques sanitaires liés à la promotion de l’alcool. Les représentants de l’industrie du vin, eux, ont expliqué être pénalisés par la loi Evin qui les empêcherait de parler d’oenotourisme dans la presse.
Information, promotion : les pistes se brouillent
La loi introduit donc une distinction entre promotion et information autour de l’alcool. Une distinction fumeuse, si l’on en croit les addictologues. « C’est un amalgame de mauvaise foi ; la loi Evin n’a jamais empêché de traiter les questions d’oenotourisme dans la presse spécialisée », a dénoncé Alain Rigaud, président de l’ANPAA (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie), interrogé par PourquoiDocteur lors des débats parlementaires.
Dans les faits, l’industrie de l’alcool pourra, sous couvert d’ « information », utiliser des supports de communication qui lui étaient jusqu’ici interdits. Pour preuve, la loi n’était pas encore promulguée que Vin & Société, qui représente les entreprises du vin, a orchestré une campagne dans des médias grand public sur « des repères de consommation responsable » - fixés à trois verres quotidiens (deux pour les femmes) avec un jour d’abstinence par semaine. On a vu plus responsable…
Information ou promotion ? La frontière est fine et la loi Evin avait justement vocation à empêcher une confusion entre les deux domaines. Mais visiblement, les Français interrogés dans le sondage n’en ont cure. « Lorsque nous nous sommes opposés à l’assouplissement de la loi, nous avons été taxés d’hygiénistes, a confié Danièle Jourdain Menninger, présidente de la Mildeca. Nous n’avons pas suffisamment mis en évidence auprès du grand public les conséquences de la publicité sur l’alcool et le risque de surconsommation. Ne pas avoir contré le discours et l’influence du lobby de l’alcool sera le grand regret de mon mandat ».
Paquet neutre : le paradoxe
Plus surprenant encore, les Français interrogés dans ce sondage se sont montrés favorables au paquet neutre, plébiscité par 57 % des participants – alors même que cette mesure repose sur le même constat que celui de la loi Evin, à savoir qu’il est dangereux de promouvoir un produit toxique quel qu’il soit, et que le marketing incite à la consommation. Un nouveau signe, peut-être, du paradoxe à la française.
>> Visionner L'Invité Santé de Pourquoi Docteur (émission diffusée le 4 décembre 2015)
"Alcool : une vraie défaite de la santé publique" Jean-Pierre Couteron, président de Fédération Addiction.