L’immortalité est-elle à porter de main ? A en croire, une étude publiée ce jeudi dans la prestigieuse revue Nature, ce vieux fantasme de l’Homme pourrait bien se réaliser. Une équipe de chercheurs américains de la Mayo Clinic (Minnesota, Etats-Unis) a en effet découvert une cure de jouvence capable de prolonger de 30 % l’espérance de vie des souris.
Pour rajeunir ces animaux de laboratoire, les scientifiques ont ciblé les cellules sénescentes. La sénescence est le point ultime du vieillissement cellulaire à partir duquel les cellules ne se divisent plus et s’accumulent dans l'organisme. « C’est un mécanisme biologique qui fonctionne comme un ‘frein d’urgence‘ et qui est utilisé par les cellules endommagées afin de mettre fin à leur prolifération, explique Jan Van Deursen, professeur de biochimie et biologie moléculaire à la Mayo Clinic et auteur principal de ces travaux. Et bien que l’arrêt de leur division permette de prévenir l’apparition de cancer, on suppose qu’une fois ce frein enclenché, ces cellules ne sont plus nécessaires. »
Leur inutilité ne les empêche en revanche pas d’être nocives. En effet, en attendant patiemment leur mort, les cellules sénescentes produisent des molécules toxiques qui endommagent les tissus et les organes, ce qui conduit à des maladies liées à l’âge comme l'insuffisance rénale.
Programmer la mort cellulaire
Aussi, les chercheurs ont supposé qu’éliminer ce groupe de cellules serait bénéfique et pourrait même avoir la propriété de rajeunir l’organisme. Pour supprimer uniquement les cellules en fin de vie, ils ont programmé génétiquement des souris afin que ces cellules soient ciblées par une molécule, AP20187, capable de déclencher leur mort.
Après plusieurs injections, les souris débarrassées de leurs cellules sénescentes se sont avérées être en meilleure santé que le groupe contrôle. « Ils ont observé une amélioration de la fonction rénale, une meilleure tolérance cardiaque à l’effort, moins de cataractes, résume pour Pourquoidocteur le Pr Philippe Amouyel, spécialiste des maladies liées au vieillissement et chercheur à l’Institut Pasteur de Lille. Les souris sont aussi plus curieuses dans leurs cages, perdent moins de masses grasses et développent des cancers plus tard que les souris contrôles. Ces résultats laissent donc penser que les cellules sénescentes jouent un rôle dans l’oxydation et le vieillissement ».
Encore des années de recherche
Par ailleurs, la destruction de ces cellules a permis d’allonger la vie de ces souris de 17 à 35 %. « Et puisque l’on peut éliminer ces cellules sans effet négatif, on peut imaginer que les thérapies capables de reproduire nos résultats seront très utiles dans le traitement des maladies liées à l’âge », espère le Dr Jan Van Deursen.
Néanmoins, le Pr Amouyel souligne que la drogue injectée aux souris a déclenché la mort de cellules qui n’étaient pas en sénescence. « L’élimination de cellules pourrait provoquer l’apparition de maladies auxquelles on ne s’attend pas », précise-t-il. A l'inverse, des cellules sénescentes persistent dans le foie et dans le côlon. Un phénomène que les chercheurs n'expliquent pas. La quête de la Fontaine de jouvence est donc loin d'être terminée.