Après la ménopause, les cancers du sein sont plus souvent attribuables aux facteurs comportementaux tels que l’alimentation déséquilibrée, la consommation d’alcool ou le surpoids, suggère une étude française publiée ce jeudi dans l’International Journal of Cancer.
Ces travaux menés par une unité de recherche Inserm à l’Institut de Cancérologie Gustave Roussy ont porté sur le suivi de plus de 67 000 femmes âgées de 42 à 72 ans incluses dans la cohorte de E3N (1). Au cours des 15 ans de suivi, 497 femmes ont souffert d’un cancer du sein avant la ménopause, et plus de 3 000 après la ménopause.
« Avant la ménopause, les cancers du sein sont pour 61,2 % attribuables à des facteurs de risque non-comportementaux et seulement 39,9 % au comportement », explique Françoise Clavel-Chapelon, directrice de recherche Inserm et responsable des travaux. Par contre, « après la ménopause, plus de la moitié des cas de cancer auraient pu être évités avec un comportement adapté », relève la chercheuse.
Traitements hormonaux
Les chercheurs expliquent qu’une proportion importante de cancers diagnostiqués après la ménopause pourrait être évitée grâce à l’amélioration de l’alimentation, la réduction de la consommation d’alcool ou la prévention du surpoids. Limiter l’utilisation des traitements hormonaux de la ménopause, notamment ceux qui contiennent des progestatifs de synthèse permettrait d’éviter près de 15 % des cancers du sein.
Les auteurs suggèrent de poursuivre des études en sciences humaines et sociales permettant de mieux comprendre ces comportements et mettre au point des interventions pour les modifier.
(1) la cohorte E3N, ou étude épidémiologique auprès des femmes de la MGEN, est une étude de cohorte prospective portant sur 100 000 femmes françaises nées entre 1925 et 1950 et suivies depuis 1990. Tous les 2 ou 3 ans, les volontaires remplissent des questionnaires et sont interrogées sur leur mode de vie et l’évolution de leur état de santé.
L’étude E4N vient d’être lancée et vise à prolonger l’étude E3N en suivant la descendance et les conjoints des femmes d’E3N. A terme, 3 générations de femmes et d’hommes seront suivies. L’objectif principal de l’étude E4N est d’étudier la santé en relation avec l’environnement et le mode de vie moderne chez des sujets d’une même famille ayant un terrain génétique et un environnement communs.