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Exposition aux particules fines

Pollution de l’air : un surrisque de mortalité au bout de trente ans

Par Léa Surugue

La pollution de l'air est responsable de nombreux décès et de maladies respiratoires. Une nouvelle étude montre que les effets pourraient être ressentis des décennies après.

Gill Allen/Shutterstock/SIPA

Avoir vécu dans un endroit très pollué peut vous suivre toute votre vie. Une étude réalisée par des scientifiques de l'Imperial College met en évidence que les personnes qui ont été exposées à une pollution de l’air importante sont plus à risque de mourir dans les années qui suivent, mais aussi plusieurs décennies après.

Il s’agit de l’étude la plus longue jamais réalisée sur le sujet avec un suivi de trente-huit ans et 368 000 participants. Parue dans la revue scientifique Thorax, cette publication mesure aussi avec le plus de précision les niveaux de pollution, dans plusieurs régions en 1971, 1981, 1991 et 2001.

 

Particules fines

Les chercheurs ont récolté les données de différents réseaux de surveillance historiquement présents sur le territoire britannique. Ils se sont intéressés aux niveaux de particules fines dans l’atmosphère, notamment en étudiant la quantité de fumées noires et de dioxyde de soufre, qui proviennent de la combustion des combustibles fossiles (charbons, fuels). A partir de 2001, ils se sont penchés sur une autre mesure de pollution, celle des PM10, des microparticules en suspension de diamètre inférieur à 10 microns.

L’idée était de croiser ces niveaux de pollution avec les données de santé et de mortalité des 368 000 individus. Les chercheurs montrent que ceux qui vivaient dans les zones les plus polluées, et étaient donc plus longuement exposés aux particules, avaient un surrisque de    14 % de mourir dans les dix années qui suivaient.

 

Effets à long terme

Plus surprenant peut être, l’impact de la pollution de l’air sur la santé se ressent encore trente ans après. Les personnes exposées en 1971 étaient plus à risque de mourir pendant toute la durée du suivi, et ce risque restait supérieur en 2001.

Chaque unité de pollution supplémentaire (10 microgrammes par mètre cube d’air), augmentait en effet le risque de décès de 2 % en 2001. Ces individus étaient aussi plus à risque de développer des maladies respiratoires, dont des bronchites, des pneumonies, ou encore des emphysèmes pulmonaires.

« Nos travaux montrent que les expositions récentes à la pollution augmentent le risque de mortalité plus significativement que les expositions historiques, dans les années 70. Toutefois, nous avons été étonnés de voir à quel point la pollution avait des effets persistants sur plus de trois décennies », souligne le Dr Anna Hansell, auteur principal de l’étude.

Évidemment, les chercheurs admettent que d’autres facteurs de risque sont plus importants pour expliquer la mortalité. Il n’empêche que cette étude rappelle que les expositions à la pollution ont des effets néfastes sur la santé, à court comme à long terme.