Aux Etats-Unis, les hommes vivent moins longtemps que dans les autres pays à hauts revenus. Tel est l’alarmant constat issu d’un rapport des autorités sanitaires américaines, les CDC (Centers for Disease Control), qui publient une lettre de recherche dans le Jama (Journal of the American Medical Association).
Armes à feu : 5 mois de vie en moins
Trois facteurs réduisent, à eux seuls, d’au moins un an l’espérance de vie des hommes du pays – les blessures par balles, les accidents de la route et les intoxications médicamenteuses.
Dans le détail, les armes à feu leur font perdre cinq mois et 14 jours de vie, si on compare les données nationales à celles de 12 autres pays comparables, dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, l’Espagne, la Suède etc (mais pas la France). Pour les accidents de la route, cette perte d’espérance de vie est évaluée à 3,4 mois – et 3,6 pour les intoxications médicamenteuses, une problématique sanitaire très sérieuse dans un pays frappé par une épidémie d’overdoses aux opiacés, notamment chez les jeunes.
Des travaux précédents ont déjà montré que l’espérance de vie des Américains était inférieure à celle enregistrée dans d’autres pays à revenus élevés. Cette dernière étude suggère que ces trois facteurs ont un impact substantiel sur la mortalité des habitants du pays.
Le Congrès refuse de financer les recherches
« J’ai été surpris de l’ampleur des décès par arme à feu, qui ne représentent qu’un ou deux pourcent des morts aux Etats-Unis, mais qui sont responsables d’un écart de 20 % de l’espérance de vie des hommes, entre les Etats-Unis et les autres nations », a commenté Andrew Fenelon, principal auteur de l’étude, cité par le Guardian. La lettre montre ainsi qu’en 2012, plus de 28 800 personnes ont perdu la vie à cause d’une arme à feu aux Etats-Unis, contre 2734 en moyenne dans les autres pays.
Ces données sur les armes à comptent parmi les rares émanant des autorités sanitaires. En effet, depuis 1996, le Congrès s’oppose au financement de recherches scientifiques sur les armes à feu par les CDC, malgré les appels récurrents de la communauté médicale.
Pour parvenir à ces observations, les CDC se sont fondés sur les données du système national de statistiques de l'état civil, ainsi que sur celles de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).