Une femme sur deux aurait déjà simulé un orgasme, selon une étude publiée en décembre 2015 dans la revue Evolutionary Psychology. Mais pourquoi ? Parce que cela présente des avantages évidemment, au moins à court terme. Sinon pourquoi se donner la peine d’une telle débauche d’énergie. Premier avantage, se montrer altruiste et faire plaisir à son homme, lui procurer « la joie complète » ; le gratifier et lui montrer qu’il est un bon amant, un peu de narcissisme n’a jamais fait de mal à personne ! Les femmes comme les hommes subissent l’influence du porno et celle d’une époque normative, en matière de plaisir aussi. Il faut jouir toujours plus, escalader sans faille les échelons du bonheur, se montrer à la hauteur, y compris au niveau des décibels.
Des raisons surprenantes
On joue aussi la comédie pour éviter l’ennui. Cette petite stratégie fait monter le désir, on se prend au jeu d’y croire, on pimente la relation, du coup, on la rend plus érotique et légère.
La fatigue peut également justifier la simulation, on veut gagner du temps ! Après une journée interminable au travail, commence la seconde journée à la maison avec les enfants et la troisième mi-temps avec son chéri. Avouez que tout cela peut être vécu comme un surcroît de fatigue ingérable ! Alors on fait semblant et l’affaire est rapidement pliée.
Même avantage, lorsque avec la ménopause, la sécheresse vaginale s’installe. L’échauffement au cours du rapport peut devenir désagréable voire douloureux. Du côté du compagnon, la « machinerie » est de plus en plus lente à se mettre en route et à parvenir à la jouissance, il faut donc multiplier les sollicitations. Du coup, on fait monter artificiellement la température en stimulant son héros avec une énergie décuplée ! Du temps de gagné, c’est de la douleur en moins.
Les hommes aussi
On imagine toujours que seules les femmes sont des simulatrices. Pas du tout. « On en parle peu, mais oui, les hommes peuvent simuler l’orgasme, pour des raisons similaires, fatigue, stress, préoccupations, manque d’envie, dépression, faire plaisir à la partenaire, etc. , reconnaît le Pr François Olivennes (1) » . 30 à 40% des hommes auraient simulé au moins une fois dans leur vie. Mais eux y trouvent peut être un avantage supplémentaire : la restauration de leur virilité. Marquer son plaisir de manière appuyée est un signe extérieur de performance. Il faut lire ce savoureux passage du roman de Jean-Paul Dubois dans « Les accommodements raisonnables »(2) . Le héros s’y explique sur la simulation pendant l’amour : « A tous les âges de ma vie et pour différents motifs, j’avais eu recours à ce leurre. Parfois pour le plaisir de la duplicité, parfois contraint par la nécessité. Avec un minimum de conviction, tout peut se falsifier, se contrefaire : l’envie irrépressible, l’amour violonisant ,le plaisir douloureux, le vice inquiétant, le désir insatiable et même l’orgasme multidimensionnel. »
Les inconvénients de la simulation
A tort ou à raison, une femme peut s’imaginer être responsable du manque d’épanouissement de son partenaire, et comme le constate le psychiatre et sexologue Philippe Brenot (3) l’engrenage devient terrible et sans fin : « l’homme ne pouvant certainement pas accepter, le jour où la vérité est dite, qu’il ait été dupé depuis le début. Alors la vérité n’est jamais dite, et le théâtre continue ».
Autre inconvénient, la simulatrice enfonce son homme dans l’ignorance et l’empêche de devenir un bon amant. La sexologue Catherine Solano lui offre ce bon conseil (4) : « Il vaudrait mieux qu’elle soit une vraie maîtresse, celle qui dit : « Mais, non ce n’est pas de cela que j’ai envie. Voilà ce qu’il faut que tu me fasses pour que ça soit vraiment bien pour moi… Il a besoin du mode d’emploi ».
Vrai à la virgule près pour les simulateurs aussi. A bon entendeur !
(1) Tout ce que les femmes ont toujours voulu savoir sur le sexe et enfin oser demander, Livre de poche.
(2) Editions de l’Olivier
(3) Le sexe et l’amour, éd. Odile Jacob
(4) Psy, sex and fun, éd. Tornade
"Oui simuler peut être avantageux voire nécessaire dans certaines conditions. Mais le piège peut aussi se refermer sur les simulateurs chroniques..."
Posté par Pourquoi docteur sur dimanche 6 mars 2016