Les idées reçues ont la vie dure. Que n’a-t-on raconté sur l’influence de la lune sur notre cerveau et notre libido ! Que nous avons une activité sexuelle effrénée. Comme si, à l’instar des loups garous, notre instinct se réveillait les nuits de pleine lune. Que les viols augmentaient ! Que les naissances grimpaient en flèche !
Je veux bien mais par quel sortilège étrange ? L’attraction lunaire agirait. A moins que ce ne soit la luminosité plus forte ou encore un phénomène de marée ou d’attraction des masses d’eau avec un impact sur l’eau du corps…
Ces croyances venues du fond des âges ont aussi intrigué les scientifiques.
Soyons honnête, la question la plus étudiée et la plus facile à démonter est l’histoire des naissances. Pas plus tard qu’en 2013, la très british Kate Middleton, épouse du prince William, affirmait qu’elle avait accouché une nuit de pleine lune et que la maternité était débordée ce soir-là. Il n’en fallait pas plus pour raviver la croyance ! Une simple recherche permet pourtant de ranger le mythe au placard de l’histoire. Merci Wikipédia ! Je résume.
En France, le chercheur Frédéric Sandron de l’IRD (1) constate bien 0,14 % de naissances en plus lors des 75 jours de pleine lune de l’année. Mais il en conclut que ce n’est pas statistiquement significatif et ajoute que « sur la période 1985-1990, il n'y a pas eu en France plus de naissance les jours et nuits de pleine lune que les autres jours » .
En 2005, des chercheurs américains ont quant à eux analysé 564 039 naissances en Caroline du Nord, de 1997 à 2001. Ils n'ont trouvé aucune corrélation significative entre les phases lunaires et les jours de naissance. Et pas davantage avec le taux de césariennes ou de naissances multiples. Leur conclusion : « As expected, this pervasive myth is not evidence based ».
Et la libido alors ? Cette fois la rumeur (re)part en 2011 du site de rencontre SmartDate. Un simple communiqué fait le buzz et relance les vieilles chimères. Que dit l’étude de SmartDate ? Que la pleine lune pourrait avoir un impact sur le comportement sexuel des humains, notamment le désir de séduction. Ni plus ni moins.
Smartdate a remarqué que les inscriptions sur son site s’emballaient les jours de pleine lune et que le nombre de messages envoyés augmentait significativement, passant ainsi d'une moyenne de 135.894 messages par jour à 171.360 messages les soirs où l’astre était plein.
« Au début, nous avions peine à y croire... Mais les chiffres parlent d'eux-mêmes et nous semblons effectivement plus réceptifs et plus actifs lors des phases de pleine lune, comme si notre libido augmentait à ce moment-là » , expliquait Fabrice Le Parc, directeur général de Smartdate.
Trop gros pour ne pas être vérifié. Certes, les études manquent, mais il y en a au moins une, publiée en 1982, dans Human Biology . 78 couples ont été passés à la loupe pendant un an. Résultat des courses, pas de changement notable dans la sexualité conjugale les soirs de pleine lune. En revanche, l’étude confirme bel et bien l’existence d’un « effet week-end ». L’amour, le dimanche sous la couette, n’est pas un mythe du tout !
Et les viols ? Les statistiques sont éloquentes, les crimes, les actes de violence en général, et de violences sexuelles en particulier, n’augmentent pas non plus les nuits de pleine lune. Pour s’en assurer, il suffit de consulter les registres de la police, ce qui a été fait par des sociologues et des journalistes
Là encore, il existe bien un effet week-end. En fin de semaine, les viols sont plus nombreux à cause de l’alcoolisation excessive et de la perte de contrôle qui s'ensuit. Là oui, les violences sexuelles se multiplient et s’expliquent parfaitement. De même, les accidents de la route qui augmentent, etc.
Morale de l’histoire, en amour plus qu’en toute chose peut être, le merveilleux exerce une fascination particulière. Nous ne demandons qu’à croire et à être séduit. A imaginer que 72 fois par an, la lune jouera le rôle d’un grand aphrodisiaque magique…
(1 Institut de recherche pour le développement