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Odorologie

La fiabilité des chiens renifleurs reconnue par les experts

Par Anne-Laure Lebrun

Depuis 2003, la police utilise des chiens renifleurs pour démontrer la présence d'un individu sur une scène de crime. Ils on permis de résoudre 162 affaires judiciaires.

NIKO/FACELLY/HOUNSFIELD/SIPA

Sur une scène de crime, les chiens policiers sont devenus quasiment indispensables. Grâce à leur odorat 200 à 10 000 fois plus sensible que celui de l’homme, ils sont capables d’identifier les odeurs humaines et indiquer si un individu est présent ou non.

Cette technique d’identification s’appelle l’odorologie. Elle est utilisée par la police judicaire française depuis 2003, et s’ajoute aux relevés d’empreintes et d’ADN. Concrètement, elle consiste à faire comparer, à des chiens spécialement entraînés, une odeur humaine prélevée sur un objet de la scène d’infraction à celle d’un suspect ou d’une victime. Si les chiens indiquent que l'odeur est identique , alors cela démontre que la personne était sur place. 

Pour les enquêteurs, ces résultats sont déterminants. Les tests doivent donc être fiables et reproductibles. Or, à l’heure actuelle, aucun standard international concernant l’entraînement des chiens n’existe, ce qui peut mener la cour à rejeter l’indice.
C’est pourquoi des chercheurs au Centre de recherche en neurosciences de Lyon et la Sous-direction de la police technique et scientifique (SDPTS) d’Ecully ont voulu démontrer la fiabilité de leur méthode et l’efficacité de leur enseignement. Ils publient leurs résultats ce mercredi dans la revue PLOS ONE.


Performants au bout de 2 ans

L’équipe française a analysé les résultats obtenus par les 13 bergers allemands et belges malinois utilisés par la police scientifique depuis 2003. Au cours de leur formation initiale, ces chiens doivent apprendre à faire l’association entre 2 odeurs provenant d’un même individu. Pour cela, les maîtres-chiens font renifler à leur animal une odeur de référence. Ce dernier doit ensuite la flairer parmi 5 échantillons différents. Lorsqu’il l’a reconnu, il se couche devant le bocal correspondant et reçoit une friandise ou un jeu comme récompense.

L’analyse des données obtenues depuis 2003 montre qu’un entraînement régulier de 24 mois est nécessaire aux chiens afin qu’ils acquièrent des performances stables et optimales. Au terme d’un an de formation, les animaux ne confondent pas les odeurs de 2 personnes différentes. Mais ce n’est qu’au bout de 2 ans qu’ils parviennent à reconnaître 2 odeurs provenant de la même personne dans 85 % des cas, « les 15 % d’absences d’association résultant majoritairement de la qualité du prélèvement ou de l’odeur elle-même et non d’un déficit de reconnaissance », explique les chercheurs.

Les chercheurs ont aussi mis en évidence que les bergers allemands étaient plus performants que les bergers belges malinois, « sans doute parce qu’ils sont plus disciplinés et plus attentifs », ajoutent-ils.


Une centaine d'affaires résolues

Après cette formation intensive, les chiens sont considérés aptes à participer aux procédures judiciaires. En pratique, l’odorologie est effectuée par 2 chiens, notamment pour s’assurer que le premier ne s'est pas trompé. En outre, 2 tests différents sont réalisés par les 2 animaux. S’ils obtiennent les mêmes résultats, la police scientifique conclut à la reconnaissance de l’indice. Celui-ci peut ainsi entrait dans la procédure.

Entre 2003 et 2016, cette méthode a été utilisée dans 522 cas, et a permis de résoudre 162 affaires judiciaires. Néanmoins, les spécialistes soulignent que, dans ces procédures, les odeurs dataient de quelques heures ou quelques jours.
Ils comptent maintenant étudier leurs performances sur des odeurs plus anciennes conservées dans des odorothèques. L’odorologie pourrait-elle conduire à la réouverture de certaines enquêtes classées ? Affaire à suivre…