Les clichés ont la vie dure. L’idée que les jeunes sont nombreux à consommer du cannabis, sans en connaître les dangers, persiste dans la population française. C’est ce que révèle un sondage de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Celui-ci a été mené auprès de 1001 personnes représentatives de la population, de 15 ans et plus, plus 504 personnes supplémentaires, elles, âgées de 15 à 18 ans.
Le bilan est pourtant bien plus positif que ce que l’on pourrait penser. Par rapport à la première décennie des années 2000, un plus grand nombre de Français, tout âges confondus, disent se sentir mieux informés sur le sujet du cannabis. Ils sont 75 % à être de cet avis, une proportion qui monte même à 82 % chez les 15-35 ans.
De fait, ce sentiment se traduit par des connaissances concrètes, puisque 90 % des personnes interrogées non seulement connaissent les conséquences du cannabis sur le cerveau, notamment des plus jeunes, mais sont également conscients que les fonctions cognitives et la santé respiratoire et cardiovasculaire peuvent être affectées à long terme.
Une vision erronée des jeunes
Bonne nouvelle, les plus jeunes (15-25 ans) n'ont pas des connaissances moins approfondies sur le sujet que les autres groupes d’âge. Par exemple, ils sont 92 % à savoir que le cerveau des adolescents est plus vulnérable au cannabis, exactement la même proportion que les plus de 25 ans.
Pourcentage de personnes ayant répondu vrai à ces affirmations. Source : MILDECA
Cependant, 60 % des personnes interrogées, parmi ces jeunes comme au sein des autres groupes d’âge, estiment que les moins de 25 ans manquent de connaissances sur l’impact du cannabis. Les Français s'estiment donc bien informés mais considèrent que leurs concitoyens n'en savent pas assez !
Cette vision erronée du rapport des jeunes au cannabis se retrouve aussi sur la question de leur consommation. Un nombre conséquent des répondants surestime en effet la consommation des 18-25 ans. Alors que ces derniers ne sont que 4% à en consommer tous les jours, 43 % des sondés pensent entre 20 et 39 % fument au quotidien.
Ces derniers résultats du sondage ne sont pas sans conséquences, selon Danièle Jourdain Menninger, présidente de la MILDECA. Ils mettent en évidence une certaine banalisation du cannabis et pourrait pousser à consommer. « La représentation erronée des niveaux de consommation peut avoir un effet d’entraînement sur les jeunes qui présentent un besoin marqué d’appartenance au groupe. Cette nouvelle donnée devra être prise en compte dans conception des campagnes d’information pour combattre cette idée reçue », souligne-t-elle.