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Rapport de l’EFSA

Antibiorésistance : 25 000 décès par an en Europe

Par Audrey Vaugrente

Cette fois, la menace est concrète. L’antibiorésistance est fréquente et provoque 25 000 décès par an. 60 % des souches de Campylobacter sont résistantes aux antibiotiques.

DURAND FLORENCE/SIPA

La menace de l’antibiorésistance, les autorités sanitaires la brandissent depuis des années. Elle est devenue réelle. Un rapport de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) et du Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) acte l’évolution certaine du phénomène. Les intoxications alimentaires sont toujours aussi fréquentes en Europe. Les souches résistantes aux antibiotiques, elles, se multiplient.

 

Chez le poulet et l’homme

« Chaque année en Europe, des infections provoquées par la résistance aux antibiotiques entraînent 25 000 décès », souligne Vytenis Andriukaitis, Commissaire européen à la Santé et la Sécurité alimentaire. L’Europe de l’Est et du Sud est particulièrement touchée. Les pays plus au nord, qui recourent moins aux antibiotiques chez l’animal sont, en revanche, moins affectés.

Dans ce rapport, l’EFSA livre un bilan inquiétant sur l’antibiorésistance au sein de l’Europe. Hommes et animaux sont touchés, et la ciprofloxacine commence à perdre en efficacité. 70 % des souches chez le poulet et 60 % chez l’être humain sont résistantes. Or, ce traitement est très utilisé dans les infections à Campylobacter, ce qui réduit drastiquement les options thérapeutiques.

Le problème n’est pas mince car la bactérie est la principale cause d’intoxication alimentaire dans l’Union et des cas de résistance à l’acide nalidixique et aux tétracyclines émergent chez le poulet.

Salmonelles multi-résistantes

Le tableau n’est pas tellement plus plaisant du côté des infections à salmonelles. La seconde cause d’infection d’origine alimentaire connaît elle aussi l’antibiorésistance, notamment à la colistine. « C’est inquiétant car cela signifie que ce médicament de dernier recours pourrait ne plus être efficace dans le traitement des salmonelloses sévères chez l’homme », s’alarme Mike Catchpole, directeur de l’ECDC.

De fait, 30 % des souches survivent aux tétracyclines, 28 % aux sulphonamides ou à l’ampiclline. Et les bactéries multirésistantes sont de plus en plus souvent détectées.

En France, le gouvernement a pris conscience du problème mais tarde à agir. En septembre dernier, Jean Carlet a remis un rapport au ministère de la Santé. Deux mois plus tard, le directeur général de la Santé, Benoît Vallet, a annoncé la nomination d’un délégué interministériel. Annonce qui ne s’est pas suivie d’effet.