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Formation des futurs médecins, congé maternité...

Conférence de la santé : les gagnants, les perdants

Par Bruno Martrette

Avec plusieurs mesures en direction des futurs médecins, Marisol Touraine a déçu les syndicats de libéraux lors de sa Grande conférence nationale de la santé.

Capture d'écran sur le site du Ministère de la Santé

Le moment était attendu du monde médical. Jeudi, le président de la République a confirmé Marisol Touraine au poste de ministre de la Santé. Réunis dans le cadre de la Grande conférence nationale de la Santé, elle a présenté avec Manuel Valls la stratégie pour l’avenir de la médecine française. Au moins pour cette dernière année de mandat...
Beaucoup de mesures sur la formation, qui ont satisfait les jeunes et futurs médecins. A contrario, les cinq syndicats de médecins libéraux représentatifs - qui avaient eux boycotté l’évènement - parlaient de "mesurettes" à la sortie de cette journée.

La CSMF, le FMF, le SML, MG FRANCE et Le BLOC ont même organisé ce jour-là une contre-conférence de la Santé sous le nom des “Assises de la médecine libérale”. Un boycott qui ne laisse aucun regret puisque rien n’a été annoncé sur les tarifs médicaux et sur leurs autres attentes. « Le virage ambulatoire tant attendu par les médecins libéraux n’a toujours pas eu lieu », déplore Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF (1), le premier syndicat de médecins libéraux.

Ecoutez...
Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF : « Dans tout ce qu'a dit Manuel Valls il n'y a aucune réponse à la crise que vit la médecine libérale...»

 

D'autres mesures font l’unanimité contre elles de la part des médecins libéraux, c’est le cas de la recertification des praticiens. Proposée par Manuel Valls, elle devrait avoir lieu tous les six ans pour s'assurer que les médecins suivent bien une formation continue et entretiennent leurs compétences. Placée sous le contrôle du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), la CSMF, et d'autres syndicats s'y opposent avec un grand ”NON”.

Ecoutez...
Dr Bernard Ortolan, directeur scientifique de l’ACFM (2) : « Il ne pourra pas faire le recertification exclusivement avec l'Ordre des médecins. Il y a un énorme travail à faire...»

 

Un congé maternité pour les femmes médecins 

Au final, seules quelques mesures semblent contenter les médecins libéraux, surtout les généralistes. Parmi elles, la création de 40 postes d’assistants chefs de clinique en médecine générale pour 2016, et 40 autres pour 2017. Ils seront financés sur le budget de la Sécurité sociale cette année, et non sur celui de l’Enseignement supérieur.
Par ailleurs, afin améliorer les conditions d’exercice des libéraux, le gouvernement a aussi annoncé un congé maternité aux femmes médecins. Il représentera plus de 3 000 euros par mois pendant­ trois mois (en plus de l’actuelle allocation forfaitaire). Sont concernées celles qui ne pratiquent pas de dépassement d’honoraires (secteur 1), ou bien qui se sont engagées à les limiter via un contrat d’accès aux soins (CAS). Au final, environ 15 000 femmes médecins en âge de procréer pourront bénéficier de ce congé maternité à partir du 1er janvier 2017.

Le numerus clausus régional étendu 

Alors, faute d'avoir convaincu les médecins libéraux, la ministre de la Santé a au moins satisfait les futurs praticiens avec ses annonces. Pour lutter contre les déserts médicaux, le gouvernement souhaite tout d'abord réformer le numerus clausus, en le rendant plus régional. Cette mesure, proposée par le CNOM et la conférence des doyens, est expérimentée depuis fin 2015 dans 10 régions. Le nombre d’étudiants admis en seconde année à l’issue du concours est fixé en fonction des besoins régionaux, et de la capacité de formation des universités. 
Le gouvernement a donc décidé de poursuivre cette expérience et de l’étendre à tout le territoire. Des discussions avec les régions et les facultés de médecine devraient donc démarrer prochainement pour sa mise en œuvre.

« Jusqu’à aujourd’hui, le numerus clausus en médecine était un peu obscur. On ne savait pas trop comment il était décidé, explique à Pourquoidocteur Maxime Rifad le vice-président de ll’Association Nationale des Etudiants en Médecine de France (ANEMF). Aujourd’hui, il y a vraiment une volonté de travailler avec les acteurs régionaux comme les Observatoires régionaux de démographie des professions de santé, les Agences régionales de santé pour évaluer les besoins sur les territoires », conclut-il.

 

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Sébastien Foucher, président de l'ANEMF : « On trouve un certain nombre de thèmes qui pour nous sont importants, par exemple la notion de capacité de formation... »

 

Enfin, dernière promesse en faveur des jeunes, Marisol Touraine s’est engagée à créer plus de passerelles entre les formations médicales et paramédicales, pour que les jeunes apprennent mieux à travailler ensemble.

(1) Confédération des Syndicats Médicaux Français

(2) Association Confédérale pour la Formation et l'Evaluation des Pratiques Médicales