La pilule ne passe pas pour Vaincre l’autisme. Après avoir dénoncé le décès par suicide de Yassine, un jeune autiste de 13 ans, l’association adresse une lettre à la ministre de la Santé ce 12 février. Elle y demande le lancement d’une enquête sur les conditions de prescription de l’Abilify (aripiprazole), un antipsychotique indiqué dans le traitement de la schizophrénie et du trouble bipolaire.
Le 8 février, Vaincre l’autisme alerte sur le décès d’un jeune autiste récemment placé sous Abilify. Sa famille n’a pas été informée des effets secondaires du traitement, alors que le risque suicidaire figure sur le résumé des caractéristiques du produit. Pendant l’année qu’il dure, « deux incidents graves se produisent », selon Vaincre l’autisme. Yassine « se jette dans les escaliers, puis lors d’une sortie au bord d’un lac où il se rendait souvent avec sa famille, décide soudainement d’y rentrer jusqu’à la taille. » Le dernier épisode est fatal : l’enfant se défenestre du 10e étage.
7 suicides répertoriés
Dans son courrier à la ministre Marisol Touraine, envoyé le 12 février, M’Hammed Sajidi, président de Vaincre l’autisme, réclame donc une enquête sur les conditions de prescription du médicament en France et sur la prise en charge qui en découle. Parmi la liste des demandes figure aussi l’exigence d’une alerte de pharmacovigilance.
Dont acte. Le jour-même, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) édite un point d’information dans lequel elle rappelle que l’aripiprazole n’est pas indiqué dans le traitement de l’autisme. « Une utilisation de l’aripiprazole hors des indications autorisées dans le cadre de l’AMM (autorisation de mise sur le marché, ndlr) a été identifiée et plus particulièrement dans l’autisme », souligne l’Agence.
Pourtant, ni la sécurité ni l’efficacité du médicament n’ont été démontrées dans cette utilisation. A l’inverse, chez les patients mineurs, les incidents ne sont pas rares. Depuis le début de la mise en vente du produit, en 2002, 7 cas de suicides et 137 comportements suicidaires ou tentatives de suicides ont été répertoriés chez des enfants ou des adolescents (3-17ans). C’est pourquoi, dans le cadre d’un tel traitement, un suivi rapproché est recommandé.