Les attentats terroristes de 2015 laissaient craindre que les Français augmentent leur consommation de tranquillisants. Nul n'en a été, d'après une étude de la Caisse Nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), relayée par le magazine Le Point.
En 2015, l'Assurance Maladie révèle que le nombre de remboursements des benzodiazépines anxiolytiques tels que le Lexomil et le Xanax a ainsi diminué de 1,42 % par rapport à 2014. La consommation de benzodiazépines hypnotiques (somnifères) a elle aussi chuté de 3,26 % en l’espace d’un an. Seuls les antidépresseurs (1) ont enregistré une hausse de 0,67 % par rapport en 2014.
Ce rapport comprend les produits princeps et génériques de l’ensemble des médicaments destinés à soigner l’anxiété, à l’exception du zolpidem et du zoplicone, deux molécules fréquemment utilisées comme des analogues des benzodiazépines.
Des phénomènes de "compensation"
Faut-il en déduire que les Français parviennent de mieux en mieux à gérer leur stress en se passant de médicaments ? Selon Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie à l'Hôpital Henri-Mondor de Créteil et interrogé par Le Point, « ce n'est pas parce qu'une population encaisse des traumatismes répétés que ses membres deviennent automatiquement et maladivement anxieux. Il existe heureusement des phénomènes de compensation : l'adaptation de l'humain à son environnement, la solidarité de groupe, la résilience, la résistance individuelle et collective, et bien d'autres mécanismes encore ».
Quand à l’hypothèse selon laquelle des Français anxieux ou dépressifs auraient abandonné les médicaments au profit des psychothérapies et qui constituerait donc la face cachée de l’iceberg, rien ne permet pour l’heure de l’affirmer.
Dans un communiqué, l'Inserm estime, qu'en France, 30 % des personnes âgées de 65 et plus consomment des benzodiazépines (BZD) et des psychotropes. Les indications vont des troubles du sommeil aux symptômes dépressifs, en passant par l’anxiété.
(1) Les antidépresseurs inhibiteurs du recaptage de la sérontonine (IRS) + venlafaxin
Les attentats de Charlie Hebdo sans conséquence
Un boom des ventes d’anxiolytiques : c’est ce qu’annonçait le 15 janvier 2015 la société Celtipharm. En cause, les attentats terroristes contre la rédaction de Charlie Hebdo et la prise d’otages porte de Vincennes (Paris). Mais selon le Conseil de l’ordre des pharmaciens la hausse de 18 % n’est pas liée à ces deux attaques.
« A ce jour, il n’y a pas de lien entre les événements dramatiques et la consommation d’anxiolytiques », avait rectifié la présidente du Conseil de l’ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot sur Twitter. Elle tirait cette conclusion de l’analyse des chiffres des ventes de 99 % des pharmacies, entre début janvier 2014 et début janvier 2015. Graphiques à l’appui, elle a contredit l’analyse livrée par Celtipharm. En réalité, la légère hausse observée se produit tous les ans, après les fêtes de fin d’année