Lors de l’ouverture de la Grande conférence de la santé jeudi dernier, le Premier ministre, Manuel Valls, et la ministre de la Santé, Marisol Touraine, ont annoncé la mise en place, dès le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2017, d'une Allocation Supplémentaire pour la Maternité (ASM) des femmes médecins libérales installées en secteur 1 ou qui se sont engagées à limiter leurs tarifs via un contrat d’accès aux soins (CAS).
Ce congé maternité d’un peu plus de 3 000 euros par mois pendant 3 mois, en complément des mesures existantes, permettra d'améliorer la couverture maternité d'environ 15 000 femmes médecins en âge de procréer et appliquant les tarifs opposables. En contribuant aux charges fixes de leur cabinet, cette ASM limitera en effet la pénalisation financière qu’elles subissent durant ces périodes de maternité.
Dans un communiqué, le premier syndicat des généralistes, MG France, se félicite donc de cette avancée pour la profession, « indispensable pour les médecins mais aussi pour les patients ». « Donner des moyens d’exercice aux médecins généralistes libéraux, c’est permettre à chacun d’avoir un médecin traitant. C’est permettre l’accès aux soins pour tous », ajoute-t-il.
Les libéraux de secteur 2 vent debout
Un son de cloche que ne fait pas l'unanimité chez les médecins. De son côté, la CSMF (1) Jeunes Médecins se dit scandalisée par cette annonce. Elle écrit : « Madame la ministre, il est indigne de votre part de créer une distinction entre les femmes médecins selon leur secteur d’installation ; elles exercent toutes leur métier avec la même passion et le même dévouement auprès de leurs patients. Celles ayant accès au secteur 2 n’ont pas à être laissées sur le bord de la route d’une réforme qui se veut au service de toutes les femmes ».
Même indignation de la part des chirurgiens libéraux du syndicat Le BLOC qui s’insurgent « contre une mesure discriminante qui exclut de la protection sociale maternité les femmes médecins libérales de secteur 2 qui cotisent pourtant pour leur protection sociale à un niveau plus élevé ». « Madame Touraine n'est-elle plus la Ministre de tous les médecins, et de "l’équité sociale" ? », s'interroge l'organisation.
Les autres professionnels de santé mécontents
Enfin, les représentants des professions de santé non médecins dénoncent également le caractère « discriminatoire » de cette nouvelle protection maternité accordée à certaines femmes médecins, et demandent son élargissement « immédiat » aux autres professionnelles de santé libérales. « Les professionnelles de santé non médecins ont droit tout autant que les femmes médecins à pouvoir être dégagées des préoccupations financières pendant leur grossesse », écrivent dans un communiqué commun des syndicats de kinésithérapeutes (FFMKR, SNMKR), orthophonistes (FNO), sages-femmes (ONSF), podologues (Fnp), infirmiers (Sniil, Fni, Convergence infirmière, Onsil) audioprothésistes (Unsaf), orthoptistes (SNAO), dentistes(UJCD, CNSD).
(1) La Confédération des Syndicats Médicaux Français est le premier syndicat de médecins libéraux