« C’est douloureux, une porte fermée, une porte qui s’ouvre pour certains, mais pas pour vous. » Et c’est encore trop souvent ce à quoi se heurtent les patients atteints de démence dans les unités de soins spécialisées, déplore Valérie Cérase, directrice de l’Institut de la maladie d’Alzheimer à Marseille, dans les colonnes de La Croix. Le quotidien révèle que c’est la ville landaise de Dax qui accueillera le premier « village Alzheimer » français. Des structures imaginées, notamment, pour redonner aux malades un espace de liberté.
Henri Emmanuelli, président PS du département des Landes, soutient le projet d’implantation de ce village depuis trois ans. La date de 2018 avait déjà été évoquée pour l’ouverture, mais restait à trouver la commune qui pourrait accueillir en son sein ce village pas comme les autres. Le nom de Dax a donc été dévoilé officiellement ce vendredi par le conseil général des Landes.
Le projet, soutenu par l’Etat à hauteur de 24 millions d’euros, s’inspire directement du premier village Alzheimer construit en Europe, à Weesp, dans la région d’Amsterdam. Si l’architecture y sera bien entendu différente – sur le modèle des maisons landaises traditionnelles –, le fonctionnement reprendra la recette testée avec succès aux Pays-Bas. Objectif premier : redonner aux patients un semblant de vie « normale », la moins médicalisée possible. « Il n’y aura pas de soignants en blouse blanche », insiste ainsi Monique Lubin, vice-présidente du Conseil général des Landes.
Le village comptera tout de même 120 professionnels de santé salariés, soit autant que de patients. S’ajouteront à l’équipe 120 bénévoles et même quelques commerces, tels qu’un coiffeur, une épicerie et un café, le tout dans un espace sécurisé et fermé, pour permettre aux « villageois » d’aller et venir à leur guise. Les habitations sont prévues pour accueillir 6 à 8 personnes, « qui pourront venir avec leurs meubles », précise Monique Lubin. « L’idée, c’est d’être comme à la maison ». Le tout pour une soixantaine d’euros par jour, soit moins que ce proposent beaucoup de structures d’accueil traditionnelles.
Si l’idée a de quoi séduire, notamment les aidants souvent inquiets pour le devenir de leur proche malade, elle soulève cependant quelques critiques. Impossible en effet devant la description de ces villages Alzheimer de ne pas penser au film The Truman Show, où Jim Carrey évolue dans un monde parfait… fait de carton pâte et de figurants. Certaines associations souhaiteraient notamment un meilleur soutien pour les initiatives qui visent à maintenir les personnes malades insérées dans une vraie vie de quartier, afin de ne pas créer de « ghetto ». L’expérimentation menée à Dax permettra de déterminer si associer un tel village à une commune existante permet de maintenir du lien entre patients et cité.