C’est une première mondiale. Fin janvier au CHU d’Angers, une équipe de neurochirurgiens a réalisé l’ablation d’une tumeur cérébrale chez un patient éveillé portant des lunettes 3D.
La chirurgie éveillée est pratiquée depuis de nombreuses années. Elle permet d’opérer des tumeurs qui ne l’étaient pas car les interventions étaient jugées trop risquées. A l’aide d’une électrode et de divers tests, le neurochirurgien établit une cartographie des zones à protéger et interagit avec le patient afin de s’assurer qu’il n’endommage pas des fonctions essentielles comme le langage, la motricité ou la vision.
Tester des fonctions plus complexes
Une précision du geste accrue grâce à l’immersion du patient dans une réalité virtuelle. En effet, en plongeant le patient dans des situations inattendues où il doit prendre des décisions, le chirurgien peut tester des fonctions cérébrales plus complexes.
Les lunettes 3D peuvent également permettre l’exploration du champ visuel du patient en projetant des points lumineux. S’il les voit, c’est que ses nerfs optiques sont intacts. Une information cruciale pour le premier patient opéré. Celui-ci « était porteur d’une tumeur située près des zones du langage et des connexions visuelles. N’ayant plus qu’un œil suite à une maladie ophtalmologique, épargner son champ visuel était d’autant plus important », explique le CHU d’Angers.
Réduction du stress chez l'enfant
Cette prouesse médicale a été réalisée dans le cadre du projet CERVO (Chirurgie Eveillée sous Réalité Virtuelle dans le bloc Opératoire) lancée il y a 2 ans par l’équipe de neurochirurgie du Pr Philippe Menei et le laboratoire Interactions Numériques Santé Handicap (INSH) dirigé par le Dr Evelyne Klinger à l’ESIEA (École d’ingénieurs en Sciences et Technologies du numérique).
Près d’un mois après l’intervention, le patient va bien. Une réussite qui offre de nouvelles perspectives dans l’ablation de tumeurs cérébrales situées dans une zone délicate. L’équipe a pour objectif de poursuivre le développement de cette innovation ainsi que son déploiement vers d’autres patients, notamment les enfants. La réalité virtuelle pourrait réduire leur stress en les immergeant dans un environnement relaxant imprégné d’accroches hypnogènes.