Alertée par l’exposition quotidienne des jeunes enfants à des substances chimiques potentiellement dangereuses pour la santé, l’ONG WECF (1) a publié lundi les résultats d’une enquête menée sur 341 cosmétiques pour bébés.
Ces expertes ont décrypté les étiquettes de produits tels que les laits de toilette, lotions, shampoings, produits pour le bain, lingettes, eaux nettoyantes, parfums, vendus sur le marché français en pharmacies, parapharmacies, supermarchés et magasins biologiques.
À partir de l’analyse de la littérature scientifique et des évaluations des autorités sanitaires de l’Union Européenne (SCCS) et française (ANSM), elles ont classé les ingrédients ou familles d’ingrédients en trois catégories : à « risque élevé », à « risque modéré », ou à « risque faible ou non identifié ». Et les principaux résultats qui en ressortent ne vont pas rassurer les parents.
La peau des bébés très fragiles
Ils montrent notamment 3 ingrédients ou familles d’ingrédients classés à « risque élevé » présents dans 299 produits. Parmi eux, un allergène par contact, la méthylisothiazolinone (MIT) retrouvée dans 19 produits dont 7 lingettes. Elle déjà été épinglée en 2012 par la Société Française de Dermatologie (SFD) pour provoquer des irritations et des eczémas.
Autre inquiétude, celle causée par un conservateur soupçonné d’effets toxiques sur la reproduction, le phénoxyéthanol, repéré dans 54 produits dont 26 lingettes. Enfin, des parfums dans 226 produits impliquent des risques potentiels d’allergies.
S'agissant de ces substances, l'ONG WECF demande tout simplement leur interdiction « dans tous les cosmétiques destinés aux enfants de moins de trois ans ». Car, à cet âge, la peau est particulièrement fragile. « Son pH est neutre durant les premières semaines et elle n'est pas encore protégée par le film hydrolipidique qui met les cellules à l'abri des influences extérieures. Elle est aussi plus perméable que celle de l'adulte, car les cellules de l'épiderme ne sont pas encore suffisamment soudées les unes aux autres », rappelle Elisabeth Ruffinengo, l’une des responsables de WECF.
Les lingettes largement incriminées
Mais la liste des produits dangereux ne s'arrête pas là, ces militantes rapportent 4 ingrédients ou familles d’ingrédients classés à « risque modéré » dans 181 produits. Notamment un composé très présent dans les produits moussants, l’EDTA, dans 87 produits dont 30 lingettes. Des sulfates, laureth et lauryl sulfate, qui sont des agents moussants potentiellement irritants, figurent aussi dans 50 produits, en grande majorité des produits pour le bain et shampoings.
De plus, des huiles minérales, issues de la chimie du pétrole pouvant être contaminées par des impuretés, ont été retrouvées dans 30 produits, en majorité des crèmes et lotions. Enfin, des nanoparticules, dont les effets sont encore mal évalués, sont présentes dans 14 produits solaires. Bref, une liste à n'en plus finir de s'inquiéter pour les jeunes parents...
Un étiquetage plus clair
Face à ces résultats, l'ONG demande également des restrictions d’usage pour les ingrédients classés « à risque modéré », en application du principe de précaution, et réclame un moratoire sur l’usage de substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens (PE) dans les cosmétiques pour bébés « en attendant la définition des PE que doit publier la Commission Européenne avant l’été 2016 ».
La WECF souhaite aussi que l’ANSM évalue les cosmétiques pour bébés « à partir des formules finales telles qu’elles sont commercialisées et non plus à partir des différents ingrédients », et un étiquetage plus clair pour les substances allergènes par contact.
A destination des parents cette fois-ci, WECF leur conseille de limiter l’usage de ces produits cosmétiques et d’éviter le plus possible les produits parfumés.
(1) WECF représente 150 organisations environnementales et féminines dans 50 pays.