A l’hôpital Pompidou (Paris), la lumière devra être faite sur les circonstances qui entourent le suicide du Pr Meignen. Après avoir « pris connaissance du rapport de la mission relative aux conflits à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) », lancée suite au décès du cardiologue, la ministre de la Santé a annoncé dans un communiqué qu’elle saisirait l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), comme elle l’avait promis.
Dysfonctionnements pointés du doigt
La mission, mise sur pied par Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, et Gérard Friedlander, doyen de la faculté de médecine Paris-Descartes, a en effet publié ses conclusions définitives. Dans son rapport, mis en ligne ce jeudi sur le site de l’AP-HP, elle souligne que « la souffrance [du professeur Mégnien] a été révélée par plusieurs alertes qui n’ont pas été prises en compte de façon appropriée ».
La réponse apportée « s’est limitée à la recherche d’une solution au conflit. Aucun entretien n’a été proposé au Pr Mégnien, les médecines du travail universitaire et hospitalière n’ont pas été sollicitées et aucun contact n’a été établi par la suite avec l’université en vue de faire appel à un médecin agréé ou à un comité médical », explique encore la commission.
Le rapport pointe également des dysfonctionnements dans l'organisation de la succession du Prr Simon, à la tête de son service de cardiologie. Ce service « fonctionnait depuis des années en vase clos » par une chefferie tournante, précisent les rapporteurs. La direction a été confiée à un autre médecin que Jean-Louis Megnien, selon des modalités « qui ont pu donner à penser que l'accord était une manière déguisée de l'en exclure ».
Harcèlement moral
Les collègues du cardiologue affirment qu’il aurait été victime de harcèlement moral de la part de ses pairs et de la hiérarchie. Le 17 décembre, il s’est donné la mort en se défenestrant du septième étage de l’hôpital. Son épouse a déposé une plainte auprès du parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire pour « harcèlement moral ».
Dans son communiqué, le ministère de la Santé précise que l’IGAS devra rendre son rapport d’ici deux mois. La mission sera chargée « d’analyser, à la lumière des intéressantes préconisations de ce rapport, les conclusions à tirer des causes de ce drame et formuler des recommandations pour améliorer, au sein de cet établissement et dans l’ensemble des établissements hospitaliers, la détection et la prévention des risques psychosociaux, y compris des personnels hospitalo-universitaires ».
>> L'Invité Santé de Pourquoi Docteur, 08/01/2016
Pr Philippe Halimi, collègue et ami du Pr Megnien