Dans une trentaine d’années, plus de 5 milliards de personnes seront myopes, soit la moitié de la planète. Et parmi eux, un milliard auront un risque accru de devenir aveugle. La myopie deviendrait alors la première cause de cécité permanente. Cette prévision est le résultat d’une étude australienne parue dans la revue Ophtalmology.
Les chercheurs de l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) et de l’Institut de recherche de la vision de Singapour ont analysé plus de 145 études rassemblant 2 millions de participants. A partir de ces données, ils ont pu estimé le nombre de personnes atteintes de myopie et de myopie sévère dans les décennies à venir.
Selon leurs modélisations, 4 758 millions de personnes seront myopes en 2050 et 938 millions seront atteintes de myopie sévère. L’augmentation rapide de la prévalence de la myopie est attribuée à « des facteurs environnementaux, principalement liés à une réduction du temps passés à l’extérieur pour travailler à l’intérieur », expliquent les auteurs. De nombreux travaux, dont une grande partie réalisée chez l'animal, ont en effet mis en évidence que l'exposition à la lumière du jour réduit le risque de myopie. Une étude chinoise publiée en septembre 2015 dans le JAMA a même montré chez des enfants de 6 ans que passer 40 minutes supplémentaires par jour à l'extérieur diminuait le risque de développer ce trouble oculaire.
Risques de complications
Les chercheurs soulignent également que cette forte prévalence représentera un enjeu de santé majeur. De fait, la myopie prédispose à diverses maladies de l’œil comme une atteinte de la macula (en cas de myopie très forte), des lésions de la rétine (prédisposant au décollement de la rétine) mais également au glaucome. Des pathologies qui peuvent mener à la cécité si elles ne sont pas prise en charge.
« Nous devons nous assurer que nos enfants bénéficieront d'examens ophtalmologiques réguliers, de préférence chaque année, pour mettre en place les stratégies préventives nécessaires, affirme le Pr Kovin Naidoo, directeur de l’Institut de la vision Brien Holden de l’université des Nouvelles-Galles du Sud. Ces dernières peuvent inclure l’augmentation du temps passé à l’extérieur et la réduction de celui passé devant les écrans »
Les chercheurs insistent enfin sur l’importance de développer des traitements capables de maîtriser la progression de ce trouble oculaire afin de prévenir l’apparition de myopie sévère. Ils imaginent que ces thérapies pourraient être complémentaires des lentilles de contact et lunettes utilisées aujourd’hui.