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Le combat des femmes du Distilbène

Par Philippe Berrebi

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L’histoire commence dans les années 50. Pour prévenir des fausses couches chez des femmes qui ont une  grossesse difficile, les médecins prescrivent une hormone de synthèse, le diéthylstibestrol (DES). Mais vingt ans plus tard, en 1971, racontent  Laetitia Clavreul et Audrey Garric dans le journal le Monde, le médicament est interdit aux Etats-Unis. La France suivra en 1977.
Car l’histoire de cette molécule devient un scandale sanitaire planétaire connu sous le nom des filles du Distilbène. Le médicament se révèle, très dangereux, explique le quotidien, pour les enfants exposés in utéro. Ils sont 160 000 en France. Les filles, en particulier. Certaines découvrent à l’adolescence qu’elles sont atteintes de malformations utérines et qu’elles ne pourront pas mener de grossesses à terme. D’autres développent de graves cancers.

Depuis, 80 000 femmes exposées au Distilbène tentent, souvent sans succès, de faire reconnaître leur préjudice auprès des tribunaux. En 2009, la Cour de Cassation inverse la charge de la preuve en demandant aux deux laboratoires qui  commercialisaient le médicament de prouver qu’il n’est pas en cause en cas de préjudice. L’un des deux laboratoires alimentait 97 % du marché.
En s’appuyant sur cette décision, la Cour d’appel de Paris vient de donner raison à une plaignante atteinte d’un cancer de l’utérus. Le tribunal a demandé que les deux laboratoires acquittent la moitié du montant de l’indemnisation alors que la victime ne souvenait plus de l’origine de son médicament.
Une autre femme a eu moins de chance avec cette même Cour d’appel. Même si Sophie Scagnetti-Meyer souffre de problèmes d’infertilité et de malformations communes aux victimes du Distilbène, le tribunal a estimé que les éléments produits par la défense n’étaient pas suffisants. « La justice n'est pas adaptée pour les victimes du Distilbène et, plus largement, de scandales sanitaires », a jugé, Stéphanie Chevallier, présidente de l'association qui regroupe les patientes du DES. Ses membres, notent les journalistes du Monde, attendent que François Hollande concrétise une promesse de campagne en autorisant les actions de groupe des victimes auprès de la Justice.