La prothèse de bras de James Young pourra laisser rêveurs les passionnés de l’homme augmenté. Pour ceux d’entre eux fans du jeu vidéo Metal Gear Solid, elle pourrait presque faire figure de fantasme absolu si elle ne venait pas malheureusement combler un handicap majeur.
James Young a été amputé d'un bras et d'un pied après être tombé d'un quai et passé sous un train, en 2012. Le jeune comptable de 25 ans a présenté sa nouvelle prothèse inspirée de celle de Snake, le héros de la célèbre saga, le weekend dernier au BodyHackingCon à Austin (Etats-Unis).
Une opportunité de communication pour Konami, l’éditeur japonais de Metal Gear Solid qui présentait la version 5 du jeu. Dans ce dernier opus, le héros Snake subit une amputation du bras et reçoit justement une prothèse équipée pour l’infiltration et le combat.
"Transformer le handicap"
En plus d’accompagner la sortie du jeu, Su-Yina Farmer, directrice de la communication de Konami en Europe, souhaitait que l’initiative puisse « transformer un handicap en quelque chose de positif ». Elle a alors lancé un appel à volontaires, en ciblant tout particulièrement les fans de jeux vidéo souffrant de leur handicap dans la pratique de leur passion.
C'est parmi une soixantaine de gamers que James Young a été sélectionné. Il n’était pourtant pas un expert du jeu en question, mais a expliqué avoir occupé ses journées de convalescence en jouant sur sa console avec une main et le menton, ou parfois même les dents, afin de reproduire les enchaînements !
Pour répondre aux attentes du jeune homme, il était impératif de recréer une réplique crédible et fonctionnelle de l’équipement. Konami a collaboré avec le laboratoire robotique britannique Open Bionics et Sophie De Oliveira Barata, une créatrice spécialisée dans les prothèses de mains et de jambes hyperréalistes, artistiques ou personnalisées.
A travers son initiative, The Alternative Limb, Sophie De Oliveira Barata tente de faire passer l’idée que la prothèse doit refléter la personnalité de son propriétaire pour être bien acceptée, et sa philosophie collait parfaitement au projet. « L’interaction que [les personnes portant ces prothèses] entretiennent avec les gens change, explique-t-elle au site de jeux vidéo Polygon. L’envie remplace les regards insistants, gênés ou la pitié. Les gens les abordent parfois en disant '' J’aimerais vraiment avoir un bras comme le vôtre '' ce qui est un peu ridicule. Mais c'est nouveau, et ça peut être très encourageant pour eux ».
Une prothèse bien équipée
Pour respecter un certain côté théâtral et attirer l’oeil, la prothèse imprimée en 3D est équipée d’un laser, de nombreuses LEDs colorées dont le clignotement peut se synchroniser avec le rythme cardiaque de James Young. Elle dispose même d’une station d’accueil pour un mini drone pilotable depuis un écran incrusté dans la prothèse !
Dans un registre plus utile, cette prothèse permet la préhension et d’autres mouvements basiques, comme serrer une main ou utiliser les doigts indépendamment, en utilisant des capteurs placés sur des muscles du dos. Elle dispose également de rangements pour les médicaments du jeune homme, d’un écran faisant office de montre connectée, et même d’une prise USB pour recharger son smartphone. Difficile cependant pour toute personne amputée de se procurer ce type de modèle unique et personnalisé, en fibre de carbone et d’un coût dépassant les 75 000 euros.