L’anneau vaginal pourrait bien être une nouvelle arme de prévention du VIH. C’est ce que suggèrent deux essais cliniques dont les résultats ont été présentés à la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), qui se tient à Boston (Massachussetts, Etats-Unis) du 22 au 25 février 2016. Dérivée d’une méthode contraceptive, cette approche de prophylaxie pré-exposition (PrEP), spécifiquement mise au point pour les femmes, vient de présenter des conclusions modestes mais encourageantes.
En place un mois
« Chaque avancée scientifique qui donne aux femmes le pouvoir de se protéger du virus devrait être examinée en vue d’une adoption et d’une mise en place rapides », a déclaré le Dr Aaron Motsoaledi, ministre de la Santé d’Afrique du Sud dans un communiqué. Les deux études présentées – The Ring Study et ASPIRE – ont été en partie menées dans son pays, où les femmes sont fortement exposées au VIH.
Dans toute la région d’Afrique subsaharienne, elles représentent plus de la moitié des nouvelles contaminations. Pour Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des Allergies et des maladies infectieuses (NIAID), une seule conclusion : « Les femmes ont besoin d’une forme préventive discrète et d’action longue qu’elles contrôlent et qu’elles souhaitent utiliser. »
C’est alors qu’intervient l’anneau vaginal. Cette méthode contraceptive est déjà régulièrement utilisée. Au lieu de délivrer des hormones, l'anneau peut fournir des antirétroviraux en prévention d’une infection par le VIH. C’est le principe de la PrEP. Dans ce cas, la dapivirine qui imprègne l’anneau inhibe la capacité du VIH à se répliquer dans les cellules saines. Un outil simple à utiliser, selon les dires des participantes aux deux essais de phase III. Et surtout, l'anneau peut reste en place un mois entier.
Efficacité accrue avec l'âge
1 960 femmes séronégatives, âgées de 18 à 45 ans ont intégré la Ring Study en Afrique du Sud et en Ouganda. L’étude ASPIRE, de son côté, a recruté 2 630 femmes correspondant au même profil. Ces volontaires étaient en général jeunes (26 ans en moyenne) et non mariées, mais toutes à haut risque de contamination. Elles ont reçu un anneau vaginal. Certains contenaient la dapivirine, d’autres un placebo. En complément de cette approche, un accompagnement sexuel comprenant prévention et dépistage a été proposé tout au long du suivi.
L’anneau vaginal ne révèle pas des résultats aussi spectaculaires que le Truvada avec l’essai Ipergay, dont les résultats ont été présentés à la CROI de 2014. Là où la PrEP à la demande réduit de 86 % les infections, la dapivirine sous forme d’anneau les réduit seulement de 31 % dans The Ring Study et de 27 % dans ASPIRE. L’efficacité augmente toutefois selon l’âge et l’adhésion au traitement. L’anneau doit donc être porté en continu pour conférer une protection. Chez les femmes de plus de 25 ans, dans le cadre d’ASPIRE, le risque de contamination est ainsi réduit de 61 %. Entre 18 et 21 ans, en revanche, aucune protection n’est observée. Les chercheurs vont tenter de comprendre si des barrières biologiques peuvent expliquer ce résultat.