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Résultats présentés à la CROI

Ebola : la moitié des survivants présentent des séquelles

Par Anne-Laure Lebrun

Les rescapés d'Ebola souffrent de douleurs articulaires, de troubles neurologiques mais aussi oculaires. Les hommes seraient aussi porteurs du virus pendant au moins un an.  

Sunday Alamba/AP/SIPA

Depuis le 29 décembre 2015, la Guinée est débarrassée du virus Ebola. Au cours de cette terrible épidémie, 3 804 Guinéens ont été infectés et 2 536 sont morts, selon l’Organisation mondiale de la santé. Une hécatombe à laquelle ont survécu plus de 1 200 hommes, femmes et enfants. Mais ces rescapés sont encore confrontés à de graves problèmes de santé, des mois après leur guérison.

Près de la moitié d’entre eux souffrent de douleurs articulaires, plus d'un tiers de maux de tête, de fatigue, de fièvre et d’anorexie, révèle une étude française présentée cette semaine à la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) qui se déroule à Boston (Etats-Unis). Ces travaux mettent également en évidence des troubles ophtalmologiques comme des conjonctivites, des inflammations de l’iris ou une perte de vision, ainsi que des infections virales et des anémies. Des troubles psychologiques et psychiatriques se manifestent également.

Les chercheurs français et guinéens ont observé ces séquelles chez 375 survivants pris en charge au centre de traitement d’Ebola de Conakry et de Macenta. 20 % d’entre eux sont des enfants. Ces volontaires participent au programme de recherche « [Re]vivre après Ebola en Guinée » fondé sur le suivi à long terme de la cohorte PostEboGui. Ce projet vise à mette en œuvre un continuum des soins pour les survivants et étudier l’évolution de ce virus dans le corps.


Un virus persistant dans l'organisme

A la sortie des centres de traitement Ebola, les médecins suivent les survivants tous les 3 mois. Ces derniers bénéficient d’examens ophtalmologiques, cliniques et psychologiques. Des prélèvements de salive, de sang et de sperme sont également réalisés afin de déterminer la durée de vie du virus dans le corps.

Ce suivi régulier a notamment permis de montrer que le virus Ebola subsiste dans le sperme durant plusieurs mois. En effet, 9 mois après le début de l'infection, les chercheurs ont observé la présence du virus Ebola dans le sperme de 8 hommes sur 68. 

Mais à en croire une autre étude française, présentée elle aussi à la CROI, le virus Ebola pourrait être encore présent dans le sperme un an après le début de la maladie. Une observation faite grâce au suivi, réalisé par l'université de Bordeaux, de 25 rescapés vivant en Guinée.



Risque de contamination sexuelle

Ces hommes guéris d'Ebola peuvent donc contaminer leurs partenaires par voie sexuelle. Un risque de transmission réel puisque les nombreux cas de résurgence au Libéria sont d'origine sexuelle.

Cette persistance montre à quel point la lutte contre Ebola sera longue et semée d’embûches. La distribution de préservatifs, la mise en place de mesure de surveillance et de dépistage se présentent comme indispensables pour éviter de voir ressurgir des cas mais surtout pour mettre fin une bonne fois pour toute à la plus grave épidémie d’Ebola. Au total, 28 638 personnes ont été contaminées par le virus en Afrique de l'Ouest et 11 316 sont décédées.