Amateur de hockey et huitième dan de judo, Vladimir Poutine est sans conteste un meneur d’hommes. A la tête de la Russie depuis 1999, l’homme d’Etat s’est distingué très tôt par son appétit pour le pouvoir… et ses apparitions torse nu devant les médias. Comme lui, de nombreux hommes musculeux ont accédé aux hautes sphères du pouvoir. Au tour de biceps, c’est sans doute Arnold Schwarzenegger qui remporte le record. Coïncidence ? Pas totalement, si l’on en croit une étude parue dans le Journal of Personality of Social Psychology. Nous aurions tendance à sélectionner nos dirigeants selon leurs caractéristiques physiques.
Le mythe de l’homme fort
Plusieurs hommes, plus ou moins entretenus physiquement, se sont pliés au jeu pour le bien de cette étude. La force de leurs bras et de leurs pectoraux a été mesurée à l’aide d’un dynamomètre. Ils ont ensuite accepté d’être pris en photo en débardeur, de manière à laisser voir leurs muscles.
Dans un deuxième temps, les chercheurs ont demandé à d’autres hommes et femmes d’observer ces photographies afin d’évaluer le potentiel de meneur de ces hommes. « Pensez-vous qu’il ferait un bon dirigeant ? » « A quel point cette personne pourrait-elle gérer les autres personnes d’un groupe ? » Voilà autant de questions qui leur ont été posées. A chaque fois, les volontaires ont noté les photos en fonction de l’admiration et l’estime qu’ils portaient pour l’homme. Les plus musclés sont ceux qui s’en sortent le mieux.
« Les hommes les plus forts sur le plan physique ont un statut plus élevé parce qu’ils sont perçus comme des meneurs, explique Cameron Anderson, co-auteur de l’étude. Nos résultats confirment de nombreux exemples d’hommes forts de la vie réelle qui ont accédé à une position de pouvoir. »
Une fonction pro-sociale
Mais dans quelle mesure les photographies ne font-elles pas l’objet de biais ? Afin d’éliminer tout doute, l’équipe a eu recours à un logiciel de retouche. Sur un corps d’homme musclé a ainsi été greffée une tête d’homme moins fort. Là encore, les participants ont valorisé les physiques avantageux. Mais une limite émerge : les visages agressifs sont moins bien classés dans la hiérarchie des meneurs.
« Ces résultats suggèrent que conférer un statut élevé aux hommes d’envergure sert, probablement de manière contre-intuitive, une fonction pro-sociale dans le but d’améliorer l’efficacité de la coopération au sein du groupe », analyse le Pr Aaron Lukaszewski, qui signe ces travaux. Elire un leader servirait donc de facteur de cohésion sociale.
Cela ne signifie pas pour autant qu’un homme musculeux rencontrera systématiquement le succès, et qu’un pair au physique plus relâché sera dédaigné. Le comportement reste la clé dans la perception du rôle de meneur, rappellent les chercheurs : il faut d’abord démontrer sa capacité à diriger. Un conseil précieux pour les femmes qui, elles, ne tirent aucun bénéfice d’un physique musculeux, précise l'étude.