« C’est un virus compliqué, rempli d’incertitudes. Nous devons donc être préparés à des surprises ». C’est en ces termes que la directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrit Zika, et résumé son parcours fulgurant.
Arrivé au Brésil au printemps 2015, il aurait déjà infecté un million et demi de personnes. Et l’OMS s’attend à 3 ou 4 millions de cas uniquement sur le continent américain en 2016. Un pouvoir de nuisance qui lui était totalement inconnu. Cette progression fulgurante a également fait ressurgir son côté obscur. Zika est soupçonné d’être responsable de complications neurologiques post-infectieuses graves et des malformations congénitales. Est-il capable d’entraîner d’autres séquelles ? Beaucoup d’inconnues demeurent. Endiguer l’épidémie est donc une priorité.
Un vecteur de choix
Pour se transmettre, le virus Zika a besoin d’un vecteur : le moustiques Aedes. Au total, il est capable d’infecter une vingtaine d’espèces différentes. Mais seulement deux d’entre elles sont responsables de l’épidémie actuelle. Aussi pour y mettre fin, les pays touchés ont déclaré la guerre à ces insectes.
D'autres modes de contaminations suspectés
Mais l’épidémie pourrait également se propager par d’autres voies de contamination. Le virus a en effet été détecté dans le sperme de malades. Des cas de transmission sexuelle sont également en cours d’investigation aux Etats-Unis.
Des complications inquiétantes
La transmission la plus inquiétante est celle de la mère à l’enfant. L’exposition in utero à Zika semble provoquer des dommages considérables au système nerveux des nourrissons, et en particulier l’apparition de microcéphalie. Le lien n’est pas encore établi, mais l’étau se resserre autour de Zika.
Et après ?
A l’heure actuelle, il n’existe ni traitement antiviral ni vaccin. La recherche médicale ne s’était pas lancée dans leur développement car la fièvre Zika était considérée comme anodine jusqu’à aujourd’hui. Toutefois des pistes existent et sont d’ores et déjà exploitées : le vaccin contre la dengue, virus cousin de Zika, pourrait servir de base de travail. En outre, deux vaccins-candidats font naître l’espoir. L’un est développé par le National Institutes for Health (institut public américain) et l’autre par la société indienne Bharat Biotech. Mais les essais de phases 1 ne devraient pas débuter avant 18 mois, précise l’OMS. L’épidémie pourrait alors être terminée.
Pour l’enrayer, la cible de choix est donc le moustique. Et pour les pays européens menacés - la France en tête – pas question d’attendre les bras croisés. Objectif : supprimer les gîtes larvaires afin de limiter la circulation autochtone du virus qui pourrait survenir de mai à novembre prochain. En France, la crainte se cristallise autour du moustique tigre. Ce dernier est présent dans 30 départements métropolitains et il a déjà apporté la dengue et le chikungunya dans le Sud de la France. Des virus qui font l’objet d’une étroite surveillance et d’une déclaration obligatoire.
De ce fait, les autorités sanitaires françaises ont décidé d’élargir à Zika les dispositifs déjà existants. Les médecins et laboratoires auront également l’obligation de déclarer les cas identifiés. Les signalements seront aussitôt suivis d’actions de lutte anti-vectorielle avec épandage d’insecticides. Mais l’efficacité de ces mesures collectives dépend des actions individuelles. Les personnes vivant dans les zones à risques doivent privilégier le port de vêtements longs et clairs imprégnés d’insecticide ainsi que l’utilisation de répulsifs jour et nuit.