On croyait la syphilis disparue des terres hexagonales. Son nom nous évoque en effet des souvenirs de romans datant des siècles antérieurs. En 2000, cette Infection Sexuellement Transmissible (IST) a même été retirée de la liste des maladies à déclaration obligatoire en raison du faible nombre de cas.
Mais contre toute attente, la syphilis, qui est due à la bactérie Treponema Pallidum, vient de faire son retour en France. Ce vendredi, Le Parisien révèle que 400 à 500 nouveaux cas ont été déclarés en 2015 en France. Les premiers cas sont réapparus en 1999, et « l'augmentation est constante et progressive », indique dans le quotidien Florence Lot, responsable de l'unité VIH, hépatite B et C à l'Institut de Veille Sanitaire (InVS).
L'importance du dépistage
Pour preuve la Corrèze, où 40 cas ont été recensés le mois dernier par le Centre Hospitalier de Brive, contre deux par an les années précédentes. Pour expliquer cette flambée, le Dr Bruno Abraham évoquait récemment dans La Montagne, le mode de transmission de cette IST. « Il est beaucoup plus facile à attraper que le virus du sida lors d'une fellation non-protégée ».
Face à ce constat inquiétant, ce médecin lançait un appel : « Il ne faut pas hésiter à se faire dépister ». Dans ce cas, un examen clinique est nécessaire et en l’absence de symptômes, le diagnostic repose sur une prise de sang. Traitée rapidement, la syphilis primaire et secondaire se soignent facilement avec une injection unique d'antibiotiques comme la Benzathine Pénicilline G. A l'inverse, si elle n’est pas traitée, la syphilis peut entraîner des problèmes aux yeux, des troubles neurologiques et psychiatriques, l'altération d’organes et même le décès de la personne.
Recrudescence de cas dans le Gard
Mais la Corrèze n'est pas le seul département touché, puisque la syphilis semble ressurgir aux quatre coins de l'Hexagone. En mais 2015, les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) du Gard avaient en effet lancé la même alerte à la syphilis pour le département. Trois fois plus de cas avaient été constatés au cours des derniers mois.
Pour rappel, entre 2000 et 2009, le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) a recensé plus de 4 000 de cas de syphilis précoce, en France. La bactérie ne pouvant survivre à l’air libre, la transmission se fait généralement par contact direct lors d’une pénétration vaginale ou anale, mais aussi lors de rapport de sexe oral et parfois de bouche à bouche.
Les applis de rencontre fautives ?
Enfin, il n'y a pas que la France qui s'inquiète de la résurgence de certaines IST. L'état américain de Rhode Island s'inquiète aussi de l'augmentation des IST, qui serait liée en partie à l'utilisation croissante d'applications de rencontres amoureuses.
Et là encore, c’est la syphilis qui connaît la plus grande évolution parmi les IST recensées avec une augmentation de près de 79 % des cas ces derniers mois. Plus loin, on retrouve le VIH avec une progression de 33 % et d’autres infections urinaires comme la gonorrhée et chlamydias (30 %).
Si les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) sont les premiers concernés par ces infections selon le rapport, les jeunes adultes, principaux utilisateurs de ces applications, et des smartphones, sont eux aussi touchés de plein fouet.