Ils veulent obtenir justice, comprendre ce qu’il s’est passé. A Saint-Félix-de-Pallières, petite commune perchée sur les hauteurs cévenoles, l’inquiétude se lisait sur les visages ce jeudi après-midi.
Une trentaine de riverains se sont réunis dans la salle communale pour discuter du dossier des pollutions minières, quelques jours après avoir appris que des traces de métaux lourds avaient été détectées dans leurs fluides biologiques.
Plomb, arsenic...
En effet, début février, l’Agence Régionale de Santé (ARS) du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées a rapporté que 46 personnes présentaient de hauts niveaux d’arsenic, de cadmium et de plomb. Parmi eux figurent des enfants.
Cinq communes sont concernées par cette alerte : Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille, Générargues, Saint-Félix-de-Pallières, Thoiras et Tornac. Des habitants de la ville d’Anduze figurent également parmi les personnes contaminées. Seules les personnes présentant des taux très élevés ont été personnellement contactées par l’ARS, mais de nombreuses analyses biologiques révèlent des quantités supérieures aux normes.
"Dégager les responsabilités"
Dans la zone, l’activité minière a cessé en 1971, mais ses conséquences risquent de perdurer encore longtemps. Ce jeudi, les riverains étaient venus rencontrer Maître Marie-Odile Bertella-Geffroy, ancienne juge d’instruction du pôle Santé Publique au Tribunal de Grande Instance de Paris, reconvertie en avocate depuis un an.
Une vingtaine d’habitants s’apprêtent à saisir la justice – une plainte au pénal sera déposée au cours de la semaine prochaine, pour « mise en danger de la vie d'autrui », « blessures involontaires » et « pollution de l'eau » auprès du parquet du pôle santé de Marseille.
« Il s’agit de dégager les responsabilités au fil des années, a expliqué l’avocate, venue de Paris pour rencontrer les plaignants. Qu’est-ce qu’on savait ? Qui savait ? Qui n’a rien fait ? L’enquête judiciaire doit permettre de répondre à ces questions ».
Un dossier comparable à l'amiante en France
Pour l’ancienne juge d’instruction, ce dossier ressemble en bien des points à celui de l’amiante en France, qu’elle a elle-même instruit. « On savait dès 1906 que l’amiante était toxique, que les ouvrières mouraient dans les usines, en travaillant à son contact. Il y a eu un silence assourdissant sur ce dossier ».
Quid de celui des mines du Gard ? Dès 2004, un rapport public a pointé une très forte pollution des sols et des eaux, et évoqué un risque élevé de contamination des populations par les eaux, les terres, l’air. Les habitants des communes touchées n'ont été avertis de ce risque que dix ans plus tard.
Aujourd’hui, ils réclament donc réparation. Une indemnisation pourrait être versée assez rapidement, avant la fin de la procédure judiciaire qui risque de traîner en longueur, a encore expliqué l’avocate. La délicate question de la dépollution des lieux a également été évoquée par les habitants. « Il faut que nous arrêtions d’être exposés à ces métaux », disent-ils, en évoquant tous ces étranges cas de cancers autour d'eux, qui frappent des jeunes sujets. « On ne peut pas s'empêcher de faire le lien... »