Racine de curcuma, thé vert… Ces plantes médicinales font partie des remèdes ancestraux encore utilisés par des millions de personnes en complément de la médecine allopathique. Mais ces produits ne sont pas anodins. Pour les malades atteints de cancer, ils peuvent altérer l’efficacité des chimiothérapies, selon une étude israélienne parue dans le numéro de février de la revue Cancer.
Ces travaux dirigés par une équipe de recherche de l’Institut de technologie de Techion-Israël révèlent en effet que près de deux-tiers des plantes médicinales utilisées par les patients souffrant de cancer au Moyen-Orient peuvent avoir des conséquences graves sur leur santé.
Les chercheurs ont interrogé 339 oncologues de 16 pays du Moyen-Orient sur la consommation d’herbes médicinales de leurs patients. Et ces derniers sont près de 60 % à utiliser au moins une plante.
Interactions dangereuses
Selon les résultats du questionnaire, 44 plantes et 3 compléments alimentaires sont fréquemment utilisés. Parmi ces produits, au moins 29 pourraient provoquer des effets secondaires importants ou altérer l’efficacité des traitements. C’est notamment le cas du curcuma, présenté comme un puissant anti-inflammatoire, qui augmenterait l’effet toxique de certaines chimiothérapies.
Le thé vert et le gingko biloba, utilisé pour combattre les troubles de la mémoire et de la circulation sanguine, augmenteraient le risque de saignement. Le cumin noir, aussi appelé Nigelle, utilisé pour renforcer le système immunitaire pourrait altérer l’efficacité des traitements.
« Dans une grande majorité, les patients souhaitent combiner le meilleur des deux médecines et ne perçoivent pas les remèdes médicinaux comme une réelle alternative aux traitements actuels », explique le Pr Eran Ben-Arye, responsable des ces travaux. Avec ces préparations de plantes, les patients souhaitent seulement améliorer leur qualité de vie et atténuer les effets indésirables liés aux chimiothérapies.
Et les oncologues de cette région du monde en ont bien conscience. C’est pourquoi ils aimeraient pouvoir débattre des potentiels bénéfices et dangers de cette médecine ancestrale pour leurs patients avec des confrères phytothérapeutes, rapportent les auteurs.