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Maladies cardiovasculaires

Fruits et légumes : 515 000 décès évités en baissant les prix

Par Jonathan Herchkovitch

Des chercheurs américains estiment qu'une réduction de 10% du prix des fruits et légumes sauverait 515 000 américains d'un incident cardiovasculaire d'ici 2035.

Daniel Cukier / Flickr

« Oui mais les légumes, c’est trop cher ». L’excuse ultime pour éviter les carottes et les poireaux n’en est pas toujours une pour les portefeuilles les plus serrés, et une équipe de scientifiques américains l’a bien compris. Dans une étude présentée au congrès de l’American Heart Association (AHA) à Phoenix (Etats-Unis) cette semaine, ils ont montré qu’une baisse du prix des fruits et légumes et des céréales complètes, et qu’une hausse des prix des boissons sucrées, pourrait prévenir 515 000 morts aux Etats-Unis d’ici 2035.

Pour obtenir ces résultats, les chercheurs des universités de Tufts et Harvard à Boston (Etats-Unis) ont utilisé un modèle mathématique pour évaluer les gains sur la santé de ces changements de tarifs. Une baisse de 10% du prix des fruits et légumes engendrerait une baisse de 2% des décès liés aux maladies cardio-vasculaires en vingt ans. En particulier, le nombre de crises cardiaques diminuerait de 2,6% et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) de 4%.

 

17,5 millions de décès par an dans le monde

Une baisse identique du prix des céréales complètes serait bénéfique sur le nombre de crises cardiaques (-0,8%). Une hausse sur les boissons sucrées aurait également un impact sur les atteintes cardiaques (-0,25%), sur les AVC (-0,17%) et le diabète (-0,7%).

Ces chiffres peuvent paraître faibles, mais le nombre de décès liés à ces pathologies est tellement important qu’ils ne peuvent être négligés. Dans le monde, l’OMS estime que « 17,5 millions le nombre de décès sont imputables aux maladies cardio-vasculaires, soit 31% de la mortalité mondiale totale ».

Inciter en baissant la TVA

Aux Etats-Unis, le programme de coupons alimentaires – dont bénéficient plusieurs dizaines de millions d’américains – permet déjà aux plus pauvres d’acheter des fruits et légumes 30% moins cher, et de préserver ainsi leur santé. Si cette solution paraît viable, une adaptation des taxes serait le moyen envisagé par les chercheurs pour peser sur les prix.

« Les découvertes que nous avons présentées appuient l’idée que nous devons associer des taxes raisonnables et des subventions pour que les prix reflètent le coût réel de l’alimentation sur la santé et la société », a déclaré Dariush Mazaffarian, doyen de l’école de science et de politique nutritionnelle Friedman, en charge du projet de recherche.

 

Les Amérindiens et le Mexique ont pris les devants

Des initiatives sont déjà en cours dans des tribus amérindiennes. Chez les Navajos, la TVA sur les fruits et légumes a été supprimée, et elle a été augmentée sur les sodas et la nourriture de fast-food. Les gains engendrés ont par ailleurs été réinvestis pour la promotion d’une alimentation saine au sein d’une population très touchée par la malbouffe.

Les autorités mexicaines ont aussi instauré une taxe d’un peso par litre de soda, et ont enregistré une baisse de la consommation, ce qui conforte les chercheurs américains dans leur conviction que le jeu sur les taxes peut influencer la consommation.

Il ne reste plus qu’à évaluer les bénéfices sur la santé d’ici cinq ans, pour vérifier les projections présentées au congrès de l’AHA.