La planète surchauffe… et la santé de ses habitants est menacée. L’accord de Paris, conclu le 12 décembre lors de la COP21, sera soumis le 9 mars au Conseil des ministres pour être ratifié. Son entrée en vigueur, elle, n’est pas prévue avant 2020. Mais le temps presse sur les cinq continents : le réchauffement climatique va provoquer un demi-million de décès supplémentaires d’ici 2050, selon une modélisation publiée dans The Lancet.
Insécurité alimentaire
155 pays sont concernés par cette simulation. La situation ne va s’améliorer dans aucun d’entre eux. Avec la hausse des températures, la productivité des cultures chutera. En conséquence, les biens alimentaires seront de moins en moins disponibles. Chaque individu verra ainsi sa ration calorique quotidienne diminuer en moyenne de 99 kilocalories. Les fruits et légumes portent le plus lourd fardeau, avec une baisse de 4 % contre 0,7 % pour la viande rouge.
Cette alimentation moins riche favorisera l’émergence de maladies cardiovasculaires mais aussi de cancers. Et le recul prévu de l’obésité – 260 000 cas de moins environ – n’y changera pas grand chose. Autant de cas de sous-nutrition sévère devraient faire leur apparition.
Comme souvent, les pays à faible et moyen revenu sont les plus exposés à cette insécurité alimentaire. Dans la région de l’Ouest pacifique et en Asie du Sud-est, 264 000 décès et 1640 000 décès supplémentaires sont attendus d’ici 2050. Mais la Grèce et l’Italie ne seront pas épargnées non plus. La situation est d’autant plus dommageable qu’en l’absence de changement climatique, 1,9 million de décès auraient pu être évités sur la même période.
Décès attendus dans le monde d'ici 2050 liés au climat (A), à l'alimentation (B)
et au poids (C).
Source : The Lancet
Les femmes très vulnérables
Et il n’y a pas que l’équilibre alimentaire qui soit menacé par le bouleversement du climat. Maladies vectorielles, transmises par les aliments ou l’eau, allergies sont autant de troubles qui vont émerger dans les années à venir. Certaines populations y sont particulièrement exposées, avertissent des chercheurs américains dans les Annals of Global Health. C’est notamment le cas des enfants, très vulnérables face à la malnutrition, aux diarrhées et au paludisme.
Les femmes doivent aussi être suivies avec attention. Dans de nombreux pays à faible revenu, elles sont responsables de l’approvisionnement en eau, en alimentation et en énergie pour le foyer. Ce sont d’ailleurs elles qui sont les plus nombreuses à décéder en cas de catastrophe naturelle ou d’infection vectorielle, notent les auteurs. Sans compter les innombrables actifs exposés à la chaleur, aux précipitations, aux agents polluants ou infectieux… Dans ces conditions difficile d’imaginer un avenir positif. Les objectifs fixés par la COP21 – limiter à moins de 2 °C le réchauffement de la planète – risquent de n’être pas suffisants.