Si l’Etat se montre si prudent sur le dossier Saint-Félix-de-Pallières, ce n’est pas seulement parce que la question est explosive en soi. En effet, l’administration est directement mise en cause pour son silence coupable et son refus d’appliquer le principe de précaution.
On peut également le soupçonner d’un moindre empressement à nettoyer la zone et ses 2000 hectares contaminés aux métaux lourds, rien que sur le site de La Croix de Pallières, pour des coûts exorbitants. Mais là encore, l’explication ne suffit pas.
300 à 400 000 sites industriels à investiguer
En réalité, si les autorités françaises traînent des pieds, c’est que la question de la pollution minière dépasse très largement les communes cévenoles sur lesquelles les projecteurs se sont dirigés. Une reconnaissance de cette catastrophe environnementale et sanitaire pourrait ainsi faire jurisprudence et déclencher une cascade de procédures judiciaires à travers la France. Et autant d’indemnisations potentielles.
Le site Basias (Base des Anciens Sites Industriels et Activités de Service) du ministère de l'Ecologie et du Développement Durable répertorie entre 300 et 400 000 sites industriels sur 66 départements qui nécessitent des investigations afin d’identifier d’éventuelles pollutions (en 2006). C’est dire l’étendue des dégâts potentiels.
Sur le site Basol, du même ministère, on trouve une base de données sur les sites et sols pollués ou potentiellement pollués, qui appellent à une action publique « à titre préventif ou curatif ». La base liste plus de 3700 sites industriels pollués ou susceptibles de l’être, sur lesquels une action des pouvoirs publics a été engagée.
Les régions industrielles du Nord-Pas-de-Calais, ainsi que les départements de la Moselle, des Bouches-du-Rhône et l’Île-de-France apparaissent les plus touchés. Mais en réalité, toute la France est concernée par des problématiques propre à l’histoire industrielle de chaque territoire.
La plupart des sources de pollutions sont liées à d’anciennes décharges et dépôts de résidus (miniers, incinération) ou de produits chimiques abandonnés. L’origine des pollutions peut également provenir d'infiltrations et déversements de substances (type hydrocarbure), ou encore de « retombées de poussières consécutives à des rejets atmosphériques accumulés sur de longues périodes ».
En mai 2010, la circulaire sur « les lieux accueillant des enfants et des adolescents » a ciblé 900 établissements sur 70 départements pour réaliser des premiers diagnostics de sols.
Lire le reste de l'enquête :
<< Cévennes : un scandale sanitaire longtemps enterré
<< Pollution minière : quand la rivière recrache son arsenic
Dans les Cévennes, un siècle d’activité minière a pollué les eaux souterraines et superficielles de manière irrémédiable. Notre reportage sur ce scandale sanitaire longtemps enterré bit.ly/1p8rJja
Posté par Pourquoi docteur sur dimanche 6 mars 2016