Un petit verre, ça n’a jamais tué personne… Et pourtant, il semblerait que la consommation d’alcool ait un impact à court terme sur la santé cardiovasculaire. Une enquête menée à l’université d’Harvard à Boston (Etats-Unis), publiée dans Circulation et présentée lors du congrès de l’American Heart Association (AHA) semble montrer que même une petite consommation d’alcool peut doubler les risques d’attaque cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Pour leur étude, les chercheurs ont recueilli et analysé les données de vingt-trois publications scientifiques impliquant plus de 30 000 sujets, afin de mieux comprendre les risques à court et moyen terme – de quelques heures à quelques jours – de la consommation d’alcool sur la santé cardiovasculaire.
Une bière, deux fois plus de risques
« Nous avons montré que même une consommation modérée d’alcool – un verre par jour pour les femmes et jusqu’à deux verres pour les hommes – pouvait augmenter le risque de crise cardiaque ou d’AVC par deux dans l’heure suivant l’absorption, par rapport au reste du temps », rapporte le Dr Elizabeth Mostofsky, chercheur à l’école de médecine de l’université d’Harvard.
Immédiatement après l’ingestion, le rythme cardiaque s’accélère, la pression artérielle augmente et les plaquettes sanguines (impliquées dans la coagulation) deviennent plus « collantes ». Ces modifications combinées pourraient être les facteurs principaux de l’augmentation des risques.
Un verre, ça va. Trois verres...
Jusqu’à présent, les recherches sur l’influence de l’alcool sur le cœur s’étaient concentrées sur les effets à long terme de la consommation. Selon la quantité quotidienne ingérée, les effets sont contradictoires. Il a été montré depuis longtemps que l’excès d’alcool avait des effets néfastes sur la santé cardiovasculaire, car il provoque notamment de l’hypertension artérielle, des troubles du rythme, des AVC et des infarctus.
A l’inverse, des études semblent prouver qu’un effet protecteur sur le système circulatoire prendrait le pas sur les effets toxiques de l’alcool lorsque celui-ci est consommé avec modération. A faibles doses, il favoriserait la production du « bon » cholestérol, et diminuerait le risque d’obstruction des artères.
Pas de dérogation médicale pour les abstinents
Il aurait été opportun de penser qu’il est bon pour la santé de s’offrir une petite bière le midi et un verre de vin le soir, si cette nouvelle étude ne venait pas tout gâcher ! « Ces résultats soutiennent les recommandations de l’American Health Association qui déconseille aux personnes qui ne boivent pas de commencer à le faire en espérant que l’alcool ait un effet bénéfique sur leur santé. Il existe de nombreux autres moyens », remarque le Murray Mittleman, professeur d’épidémiologie à l’école de santé publique d’Harvard.
« Si vous buvez, faites le avec modération, et si vous prenez des médicaments ou si vous avez des problèmes de santé, renseignez-vous sur les risques d’une consommation modérée d’alcool auprès de votre médecin traitant », ajoute-t-il.