Le « dentiste de l'horreur » est de retour en France, mais sur le banc des accusés, cette fois-ci. « Mark » Van Nierop, un faux médecin néerlandais, sera jugé à partir de ce mardi devant le tribunal correctionnel de Nevers. Il lui est reproché d'avoir mutilé plus d'une centaine de patients dans son ancien cabinet dentaire situé à Château-Chinon (Nièvre).
Ce Néerlandais, aujourd'hui âgé de 51 ans, a exercé dans cette commune de plus de 2 000 habitants, entre 2008 et 2013, avant d’être mis en examen par la justice française pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation permanente », « escroquerie » et « faux et usage de faux ». Les faits reprochés sont particulièrement sordides.
Mark van Nierop pratiquait des « anesthésies de cheval », selon les témoignages. Une fois le patient assommé, il les aurait opérés en faisant fi des règles basiques d'hygiène et d'asepsie. Dans leurs gencives, certains ont retrouvé des bouts de fraise et de roulette, ou des morceaux de pansements. Le dentiste aurait disloqué des mâchoires, cousu des gencives avec la joue, arraché des dents saines sans motif médical - le tout, bien entendu, surfacturé.
Les victimes du « dentiste boucher », tel que le surnomment les médias, ont souffert de troubles variés, allant « d'un début de septicémie à l'infarctus en passant par toutes sortes de problèmes dentaires », précise le collectif dentaire de la Nièvre, qui rassemble une centaines de plaignants. Pour limiter l’apparition d’abcès et d’infections, le praticien aurait prescrit des antibiotiques à très hautes doses.
Recruté par un chasseur de têtes
Recruté dans la région, en 2008 par un chasseur de têtes, il avait pourtant été accueilli en messie par les habitants. Il faut dire qu'à Château-Chinon, en plein désert médical, on n’avait pas vu de dentiste depuis deux ans. L'erreur de casting reste toutefois flagrante puisque Mark van Nierop avait déjà été poursuivi en 2003 dans son pays pour des faits similaires. Depuis, il se faisait oublier.
Résultat, après sa mise en examen, le faux dentiste avait pris la fuite au Canada, en décembre 2013. Là-bas, il aurait rencontré une femme sur Internet et aurait voulu s’installer avec elle, selon la presse locale. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il avait été extradé l'an dernier au Pays-Bas, son pays d'origine.
Mark van Nierop a toujours refusé son extradition en France, où il est aussi accusé du meurtre de sa première femme, qu’il aurait commis en 2006. L’enquête est toujours en cours. L’homme dit souffrir de « problèmes psychologiques » dont des « problématiques d'identité sexuelle et tendances suicidaires » nécessitant un traitement particulier disponible, selon lui, uniquement aux Pays-Bas. Un argument peu convaincant pour les juges, qui ont validé son transfert dans l'Hexagone.
Il encourt dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.