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Elevage

Antibiotiques vétérinaires : l’Europe veut limiter leur utilisation

Par Antoine Costa

Face à la prolifération des bactéries résistantes, le Parlement européen a proposé un projet de loi visant à restreindre l’utilisation des antibiotiques dans les élevages.

Calimityjane/Flickr

Développement de bactéries résistantes, traces de médicaments dans les assiettes des consommateurs… Le Parlement européen a décidé de réagir en se prononçant à une large majorité pour une limitation de l’utilisation des antibiotiques dans les élevages.

« Alors que l'Organisation mondiale de la santé nous avertit que le monde risque de sombrer dans une ère post-antibiotique, où l'antibiorésistance ferait chaque année plus de morts que le cancer, il était temps de prendre des mesures énergiques et de saisir le problème à la racine », a déclaré le rapporteur Françoise Grossetête, députée française LR au Parlement.

 

Des traitements préventifs trop systématiques

Pour les députés européens, ces médicaments « ne sauraient en aucun cas être utilisés pour améliorer les performances ou pour compenser le non respect des bonnes pratiques en matière d’élevage ». L’Agence européenne du médicament devrait communiquer une liste de circonstances exceptionnelles pour lesquelles ils pourraient être utilisés de manière préventive, sous la justification d’un vétérinaire.

Actuellement, il n’est pas rare de traiter un troupeau entier alors qu’une seule bête est malade. Cette pratique sera également encadrée. Les traitements seront limités « aux animaux cliniquement malades et aux animaux identifiés comme présentant un risque élevé de contamination », précise le projet.

 

Favoriser l’innovation

Il laisse également une marge de manœuvre pour que les états puissent limiter ou interdire l’utilisation d’antimicrobiens si cet usage présente un risque critique pour l’homme, ou si une réglementation nationale spécifique encourage un recours prudent.

« Pour autant, nous ne devons pas réduire l'arsenal thérapeutique des vétérinaires, a ajouté Françoise Grossetête. Ce règlement est fait pour faciliter leur travail. Il est absolument nécessaire d'encourager la recherche et l'innovation dans ce secteur ».

C’est l’autre volet du projet. La législation vise à « encourager et protéger l'innovation, réduire la bureaucratie et assouplir certaines procédures de mise sur le marché » des antibiotiques pour faciliter la lutte contre les épizooties.

 

Attendre au moins jusqu’en 2019

Le projet doit encore faire l’objet de négociations avec les états membres de l’Union européenne. Les débats, qui ne commenceront vraisemblablement qu’en 2017, promettent d’être animés. Certains états dont l’agriculture repose sur des élevages intensifs pourraient s’opposer à des restrictions trop contraignantes. Une fois adoptée, la législation ne devrait pas être applicable avant 2019 ou 2020.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a récemment alerté sur la résistance croissante à la ciprofloxacine de la bactérie campylobacter, responsable d’intoxications alimentaires graves chez l’homme, et donc de plus en plus compliquée à traiter.