La France serait-elle en train de rattraper son retard en matière de prévention ? En tout cas, pour l’infarctus, nous ne sommes sans doute plus le mauvais élève de la classe. En effet, entre 2002 et 2008, le nombre de personnes hospitalisées pour infarctus a diminué de plus de 7%. Une baisse d’autant plus remarquable que pendant cette même période la population française a vieilli. Cet état des lieux présenté aujourd’hui par l’institut de veille sanitaire (InVS) montre bien que la prévention des facteurs de risque cardiovasculaire commence à porter ses fruits. D’ailleurs, comme le souligne le bulletin épidémiologique hebdomadaire, les cas d’hypertension et d’hypercholestérolémie chez les personnes âgées de 35 à 64 ans sont en diminution.
Peut-on en déduire que le Français bon vivant et amateur de bonne chair aurait adhéré aux messages de prévention du type « Mangez 5 fruits et légumes par jour » ? Les spécialistes se gardent bien de tirer des conclusions hâtives car si le nombre d’hospitalisations pour infarctus baisse, il n’est pas précisé si cette baisse concerne un 1er événement de crise cardiaque ou une récidive.
Cependant, l’étude Interheart, réalisé dans 52 pays, a montré que la consommation quotidienne de fruits et légumes, une activité physique régulière et une consommation modérée d’alcool avaient bien réussi à modifier le cours de l’histoire des infarctus.
Mais, il reste quelques points négatifs, comme la consommation quotidienne de tabac en augmentation chez les femmes, comme la multiplication des cas de diabète, près de 70 % d’augmentation en dix ans. Résultat : l’institut de veille sanitaire note une augmentation des hospitalisations pour infarctus du myocarde chez les femmes entre 35 et 54 ans… alors que ces hospitalisations sont en baisse chez les hommes dans toutes les tranches d’âge.
Ces bonnes nouvelles s'ajoutent à celles qui ont été enregistrées dans la prise en charge de l'infarctus. En effet, le pronostic vital de l’infarctus, qui touche 100 000 Français chaque année, ne cesse de s’améliorer. Selon les derniers chiffres présentés aux Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC) en janvier dernier, nous sommes passés d'un taux de mortalité de 13,7% dans les 30 jours suivant l’infarctus en 1995 à 5% en 2010. Ces données proviennent du registre FAST-MI qui observe régulièrement depuis 1995 qui sont les Français victimes d'infarctus et comment ils sont pris en charge où qu'ils se trouvent sur le territoire.
Les techniques qui permettent de déboucher rapidement les artères coronaires obstruées ont beaucoup progressé. 4 patients sur 5 bénéficient aujourd’hui d’une angioplastie. L’artère bouchée est dilatée progressivemment à l’aide d’un petit ballon gonflable pour y déposer un ressort, un stent, qui la maintient ouverte. Ce geste technique est pratiqué dans les unités de soins intensifs cardiologiques, des centres spécialisés désormais répartis sur tout le territoire.
Pr Nicolas Danchin, cardiologue à l’hôpital européen Georges Pompidou, Paris : “Presque tous les patients arrivent maintenant dans des centres spécialisés “
Les progrès dans la prise en charge de l’infarctus proviennent aussi des patients qui reconnaissent mieux les premiers symptômes et appellent les secours plus rapidement. Mais seul un patient sur 2 appelle directement le 15, qui est la meilleure porte d’entrée pour une prise en charge optimale. Beaucoup perdent encore de précieuses minutes en appellant d’abord leur médecin généraliste, qui se charge d’appeller le Samu. Or on estime qu’une minute de gagnée, c’est 10% de chance de survie en plus.
Pr Nicolas Danchin : “Un patient sur deux appelle moins d’une heure et quart après le début des symptômes “