Les dermatologues ne lâchent rien. Dans l’affrontement qui les oppose aux entreprises spécialisées dans l’épilation, ils remportent une nouvelle victoire. Après avoir fait condamner cinq esthéticiennes en décembre 2014, ils récidivent et obtiennent du tribunal correctionnel de Paris une mise à l’amende de plusieurs enseignes d’esthétiques.
Ces sociétés sont accusées d’« exercice illégal de la médecine » ou de complicité, et devront s’acquitter d’amendes allant de 3 000 à 50 000 euros. Des syndicats de médecins avaient lancé une procédure au début de l’année à l’encontre de plusieurs enseignes et franchises d’esthétique. Parmi elles, International Esthétique, qui possède plus de 150 établissements en France, a été condamnée à verser 50 000 euros
La pince et la cire uniquement
D’autres instituts ont reçu des amendes plus légères d’une valeur comprise entre 3 000 et 8 000 euros, comme Alesia Minceur, ACMTH ou Depil Tech. Certains d’entre eux pour avoir fourni du matériel, se rendant ainsi complice de l’exercice illégal.
En effet, un arrêté datant de 1962 prévoit que « tout mode d’épilation est un acte médical, sauf l’épilation à la pince ou à la cire ». L’épilation au laser ou à la lumière pulsée est pourtant largement répandue dans les salons. Ils seraient plus de 30 000 à l’utiliser couramment.
Des revenus importants pour les dermatologues
Les responsables de ces centres d’épilation font valoir la simplicité d’utilisation et la formation qu’ils effectuent auprès des dermatologues pour justifier une autorisation de leur pratique. Ils reprochent également aux dermatologues leurs tentatives pour maintenir un monopole et se protéger de la concurrence à coups d’arguments sur les impératifs de santé.
De l’autre côté, l’épilation définitive représente une part non négligeable des revenus des dermatologues. Les médecins tentent de faire valoir des risques sur la santé, liés à une mauvaise utilisation. Ils affirment craindre les conséquences du non respect des contre-indications si le patient a un mélanome, des tatouages ou une peau très pigmentée, qui pourraient entraîner des brûlures.
Le Dr Luc Sulimovic, président du syndicat national de dermatologie et vénéréologie, avait rappelé au moment de la première affaire que ces machines sont aussi utilisées pour traiter les taches sur la peau. « Or un mélanome est difficile à diagnostiquer, et quand une esthéticienne enlève une tache au laser, il y a une perte de chance pour les patients », avait-il alors estimé.