Entre ses convictions personnelles et la santé des patients, il faut choisir. Tel est le sens de la sanction infligée à un pharmacien girondin, suspendu pour avoir refusé de fournir des contraceptifs à des clientes pour des motifs religieux.
Deux clientes disposant d’une ordonnance médicale pour des contraceptifs se sont ainsi plaintes auprès du Planning familial de Gironde, après avoir essuyé un refus dans cette officine, située à Salleboeuf, commune de 2 200 habitants.
Récidiviste
« Envoyées sur place le 12 janvier, deux de nos militantes ont essuyé le même refus après avoir demandé un stérilet et une pilule du lendemain prescrits par un médecin du Planning familial », a expliqué à l’AFP l’administratrice. Le Planning en a informé l'Ordre des pharmaciens, qui « venait de suspendre pour une semaine, à partir du 2 mai 2016, le même pharmacien après une plainte similaire », apprend-on encore.
Ce pharmacien de 38 ans n’en est effectivement pas à son coup d’essai, puisqu’en 1995, il avait été condamné pour un motif similaire, après avoir épuisé toutes les voies de recours pour annuler sa peine – Cour d'appel, Cour de cassation, Cour européenne des droits de l’Homme. La juridiction européenne avait finalement statué que l’homme « ne pouvait faire prévaloir ses convictions religieuses pour justifier ce refus de vente », précise le quotidien Sud Ouest.
Quinze ans plus tard, l’unique pharmacie ne délivre toujours pas de contraceptifs, les clientes continuent de se faire refouler, et à partir du 9 mai, l’homme pourra de nouveau exercer. En espérant qu’il ait d'ici là maîtrisé sa ferveur religieuse au profit d'une conscience professionnelle.
