Pas de viande, pas d’œufs, pas de poisson ni fruits de mer, pas le lait… S’il est communément admis dans la communauté scientifique que les sociétés occidentales n’accordent pas une place suffisante aux fruits et légumes dans notre alimentation, quelques voix médicales s’élèvent pour alerter contre les risques du « tout végétal ».
Des chercheurs de la célèbre clinique Mayo en Arizona (Etats-Unis) l'ont vérifié. Ils estiment qu’il peut s’avérer dangereux car ce régime provoque des carences. Des nutriments essentiels au bon fonctionnement du corps humain ne sont effet accessibles dans l’alimentation que par les produits d’origine animale.
Face à l’offensive « anti-viande », de nombreux consommateurs se laissent tenter, que ce soit pour des raisons éthiques, philosophiques ou simplement nutritionnelles. Les auteurs de cette étude publiée dans The Journal of the American Osteopathic Association rappellent qu’en 2012 aux Etats-Unis, 2 % de la population avaient déjà adopté ce régime. Chiffre sans doute beaucoup plus élevé maintenant.
Vitamines D et B12, fer, calcium à surveiller
Les chercheurs de la clinique Mayo ont cherché à savoir si les protéines, les omégas-3, le fer, le calcium, les vitamines D et B12 pouvaient manquer aux « vegans ».
« Nous avons remarqué que l’apport de certains de ces nutriments – qui sont impliqués dans des problèmes neurologiques, de solidité osseuse, dans l’anémie ou d’autres problèmes de santé – peut s’avérer insuffisant lorsque les régimes végétaliens sont mal préparés », a expliqué Heather Fields, docteur en médecine interne à la Clinique Mayo. « En revanche, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les végétaliens « ne semblent pas manquer de protéines, ou d’acides aminés », a-t-elle ajouté.
En particulier, la clinique américaine recommande de surveiller les apports en vitamines B12 et D, en fer et en calcium, notamment par des compléments alimentaires si cela s’avérait nécessaire.
Quels sont les risques ?
La vitamine B12 a notamment un rôle important dans la création des globules rouges, la réplication cellulaire et le développement du système nerveux. La carence provoque une anémie, puis des problèmes neurologiques à long terme. Malheureusement pour les végétaliens, on ne la trouve que dans les viandes aquatiques ou terrestres – notamment les foies et les rognons – et dans des proportions moindres dans les œufs ou le lait. Ils peuvent cependant combler facilement le déficit grâce à de nombreux aliment enrichis disponibles sur le marché, ou à des compléments alimentaires.
La carence en fer est à surveiller, car elle est liée à l’anémie elle aussi. Les substituts sont néanmoins plus aisés à trouver dans l’alimentation. Beaucoup d’épices (thym, gingembre, cumin, curry), le chocolat et les céréales peuvent pallier l’absence des viandes. De même pour les omégas-3 que l’on peut trouver dans les noix, le colza ou le soja.
Le problème, c’est que certains végétaliens consomment étonnamment trop de repas préparés et manquent de variété dans leur alimentation en fruits, légumes et céréales complètes, notent les chercheurs. Ils expliquent dans l’étude que le régime n’est pas à remettre en cause, au contraire, car ses bienfaits sont indéniables. Il ne doit cependant pas être pris à la légère, et un effort de pédagogie doit être fait pour qu’il soit pensé et bien mené.