Ils sont 130 à taper du poing sur la table. 130 spécialistes de la procréation médicalement assistée (PMA) qui appellent le gouvernement à changer la donne législative. Le recours à cette technique reste réservé à un trop petit nombre, ce qui crée des inégalités, estiment ces gynécologues-obstétriciens de toute la France. Ils édictent leurs demandes au sein d’un manifeste, paru dans les colonnes du Monde (édition abonnés). Cette redistribution des cartes était réclamée de longue date par les patients eux-mêmes.
Pourquoidocteur vous résume les trois principales propositions.
L’ouverture de la PMA aux femmes seules
A ce jour, seuls les couples hétérosexuels peuvent bénéficier de la procréation médicalement assistée. Le recours au don de sperme est ainsi fermé aux femmes célibataires. Une aberration aux yeux des signataires de ce manifeste, qui soulignent qu’une telle personne « est reconnue dans ses droits pour élever ou adopter un enfant ». S'ils ne font pas référence aux couples de femmes homosexuelles, les médecins estiment qu'elles devraient avoir accès à la PMA.
La proposition a été soumise au Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en 2013, qui n’a toujours pas rendu d’avis en la matière. Les gynécologues, eux, s’impatientent et réclament la « fin des incohérences de la politique d’aide à la procréation ». De fait, de nombreuses femmes seules traversent la frontière espagnole ou britannique afin de concevoir.
L’autoconservation des ovocytes
« Le principe d’une interdiction ne nous semble pas fondé », tranchent les auteurs du manifeste. En France, les femmes en couple et avec enfants peuvent effectuer un don de gamètes. Depuis le mois d’octobre, grâce à un décret ministériel, ce geste leur ouvre la possibilité de conserver leurs ovules pour un usage personnel mais avec des dispositions très contraignantes. La mesure était censée augmenter le nombre de donneuses.
Les gynécologues qui signent le manifeste réclament encore plus de simplicité : que la France autorise l’autoconservation des ovocytes « alors que la fertilité est encore satisfaisante ». Bien entendu, un encadrement sera nécessaire. Mais l’interdiction à l’œuvre semble d’autant plus injustifiée que pour les hommes… l’autoconservation de sperme est possible sur simple ordonnance.
Un diagnostic préimplantatoire systématique
6 embryons sur 10 sont porteurs d’anomalies génétiques graves ou ne sont pas viables. Le diagnostic préimplantatoire consiste à réaliser un dépistage génétique de l’embryon avant son implantation dans l’utérus. Mais il reste très limité en France, ce qui entraîne de nombreuses fausses couches et anomalies congénitales détectées en cours de grossesse. La pratique est pourtant courante en Belgique, en Grande-Bretagne, en Italie et en Espagne, soulignent les auteurs du manifeste. Elle « constitue une règle de bonne pratique médicale que nous ne pouvons appliquer », déplorent-ils. Si la mesure doit être encadrée, elle semble cruellement nécessaire au vu des chiffres avancés. Mais cela nécessitera une révision de la loi de bioéthique.