Rentables, les pesticides ? Rien n’est moins sûr. Une étude française sur les coûts cachés des pesticides montre que les coûts générés par ces substances dépassent de loin leurs bénéfices financiers. Ces travaux ont été publiés dans Sustainable Agriculture Reviews.
L’étude, signée par deux scientifiques français de l’INRA, passe en revue plus de 60 publications à travers le monde. Elle démontre en premier lieu que les conséquences sanitaires liées aux pesticides ont toujours été sous-estimées, tout comme le nombre de décès associés à une exposition chronique.
Environnement, santé, loi...
Quatre catégories de « coûts cachés » sont ainsi passées au crible : environnementaux (dégâts naturels, mortalité des oiseaux, abeilles…), sanitaires (frais de santé, perte de productivité…), réglementaires (contrôle de l’usage des substances ; assainissement des eaux contaminées…), frais d’évitement (surcoût engendré pour ceux qui ne veulent pas consommer de pesticides et qui se reportent sur le bio, avec un excédent de dépenses pour les ménages).
Ainsi, si l’on prend toutes ces sources cachées de dépenses cela multiplierait par dix le coût sanitaire des pesticides aux Etats-Unis, actuellement chiffré à 1,5 milliard de dollars par an – soit 15 milliards au total. Chaque 1 % des cas de cancers attribuables aux pesticides est ainsi associé à un surcoût de 20 milliards de dollars annuels, selon les résultats de l’étude.
Rapport bénéfice/coût
Au final, les auteurs remettent en cause l’efficacité économique lié à l’usage intensif de pesticides en réévaluant le rapport bénéfices / coûts de ces produits. Traditionnellement, ce rapport est considéré comme supérieur à 1 car il n’intègre pas les coûts cachés traités dans l’étude. Or, au regard de ces dernier, le rapport se situerait aux alentours de 0,70 … ce qui suggère le système lié aux pesticides génère plus de coûts économiques qu’il ne dégage d’économies.