Et si l’appendicite se traitait par antibiotiques ? Opérer moins, mais mieux, cette piste est régulièrement évoquée dans la littérature scientifique. Une méta-analyse s’est concentrée sur 5 publications et les réponses qu’elles apportent à cette interrogation. Parue dans le British Journal of Surgery, cette analyse suggère que les cas légers pourraient bénéficier d’une prise en charge non-chirurgicale.
23 % de récidives
L’ablation de la section enflammée de l’appendice est considérée comme le traitement standard de cette affection. Mais la chirurgie peut entraîner un certain nombre de complications. C’est pourquoi plusieurs équipes évaluent l’intérêt des antibiotiques. Les études sélectionnées dans le cadre de cette méta-analyse portaient toutes sur des appendicites simples, qui ne présentaient pas de perforation. L’approche médicamenteuse semble intéressante, puisqu’elle n’augmente pas le risque de complications par rapport à la chirurgie.
Dans le groupe antibiotiques, 5 % des patients ont souffert d’une complication contre 8 % dans le groupe appendicectomie. Il s’agissait surtout de perforations de l’appendice. La prise de médicaments permet donc de traiter l’appendicite, mais elle ne s’avère pas efficace dans tous les cas. 8 % des volontaires ont subi une chirurgie dans le mois suivant le diagnostic. 23 % ont connu une récidive dans l’année.
Préciser les critères de sélection
Ces résultats suggèrent deux observations aux auteurs de ces travaux. D’abord, les antibiotiques réduisent drastiquement le nombre d’interventions dans le mois suivant le diagnostic. Un argument prometteur puisque l’appendicectomie représente 80 000 opérations par an. Mais le nombre de récidives signifie que les patients doivent être rigoureusement sélectionnés. Pour cela, ils suggèrent le recours au scanner afin de confirmer le diagnostic. « Le traitement ne doit pas être choisi sur la simple base d’une suspicion », estime Ville Sallinen. Ce tri permettrait, en outre, d’éviter les cas de résistance aux antibiotiques.
La France, de son côté, semble encore réticente à cette approche. Dans ses recommandations éditées en 2012, la Haute Autorité de Santé (HAS) maintient que l’appendicectomie est le traitement de première ligne. « Concernant le traitement antibiotique, au regard du faible niveau de preuves des études, il ne peut actuellement être considéré validé », conclut l’agence sanitaire qui appelle à davantage de travaux. Elle souligne, elle aussi, la nécessité de préciser les critères de sélection des patients éligibles à l’antibiothérapie.