L’antibiorésistance, enjeu majeur de santé publique, commence à faire l’objet de mesures politiques concrètes. Ce vendredi, un décret paru au Journal Officiel a mis en place des restrictions pour l’utilisation d’antibiotiques en médecins vétérinaire.
Le texte réaffirme ainsi la place du diagnostic, et interdit le recours préventif aux « antibiotiques critiques ». Une liste d’une cinquantaine d’antibiotiques, disponible sur le site de l’ANSM, recense les traitements surveillés en raison des risques de mutation de souches et d’apparition de bactéries ultrarésistantes.
Usage préventif interdit
Ainsi, les animaux non infectés ne devront pas être traités de manière préventive si aucun, au sein du troupeau, n’a été affecté par une bactérie pathogène. Les antibiotiques critiques ne pourront être utilisés que manière curative (en cas d’infection) ou métaphylactique (infection d’un membre du troupeau avec un risque élevé de transmission au reste du groupe).
« Le vétérinaire ne prescrit un traitement métaphylactique (…) que s'il suspecte une maladie présentant un taux élevé de mortalité ou de morbidité pour laquelle, en l'absence de traitement précoce, une propagation rapide à l'ensemble des animaux est inévitable », précise le décret.
Par ailleurs, le vétérinaire devra s’assurer qu’il n’existe pas d’alternative thérapeutique. Avant toute prescription d'un antibiotique critique, des tests seront ainsi réalisés pour s’assurer qu’un autre antibiotique ne pourrait pas être utilisé. Enfin, le texte prévoit de limiter les prescriptions à un mois ; leur renouvellement sera strictement encadré.
Préserver l'efficacité des traitements
Par voie de communiqué, le ministère de la Santé et celui de l’Agriculture se sont réjouis de la publication du texte qui fixe ces nouvelles mesures réglementaires qui entreront en vigueur au mois d’avril 2016. « Les antibiotiques considérés comme critiques sont les seuls à être efficaces pour lutter contre certaines infections bactériennes chez l’homme. C'est pourquoi il est crucial de préserver leur efficacité », soulignent les responsables politiques.