Les femmes sportives sont entre 1,5 et 2 fois plus exposées aux risques de rupture du ligament croisé antérieur (LCA) du genou que leurs homologues masculins. L’hypothèse hormonale est souvent avancée par les spécialistes, mais aucune étude n’est encore venue apporter une véritable explication.
Une équipe de l’université du Texas (Etats-Unis) vient d’apporter une nouvelle piste en montrant que les athlètes féminines âgées de moins de 20 ans qui prennent la pilule contraceptive sont moins exposées que les autres.
Plusieurs théories sur le déséquilibre entre les sexes dans l’incidence de la rupture du LCA ont été avancées. Les différences anatomiques ne peuvent pas à elles seules l’expliquer. Une influence neuromusculaire, mais surtout les variations hormonales du cycle menstruel sont soupçonnées de jouer un rôle.
Des récepteurs hormonaux sont présents sur les LCA, ce qui laisse supposer que les hormones pourraient avoir un effet sur les propriétés mécaniques du ligament. Des études précédentes ont révélé de manière significative que les blessures intervenaient plus souvent entre le 9e et le 14e jour du cycle menstruel, soit les 5 jours avant l’ovulation.
Moins de blessées sous pilule chez les 15-19 ans
Les chercheurs de l’université du Texas ont étudié les suivis opératoires d’adolescentes de 15 à 19 ans devant subir une reconstruction du LCA. Ils se sont aperçus qu’elles étaient 18 % moins nombreuses à prendre la pilule que les adolescentes du groupe de contrôle. Cette découverte, publiée dans Medicine & Science in Sports & Exercise, laisse à penser que par son action sur les hormones, elle agit sur le ligament et le protège d’une rupture.
« La pilule contraceptive maintient un des niveaux d’œstrogènes plus bas et plus constants, ce qui pourrait limiter la fragilité du ligament croisé antérieur », estime le Dr Aaron Gray, auteur principal de l’étude. Les résultats sont particulièrement significatifs chez les adolescentes. A la puberté, l’élévation importante des taux d’œstrogènes associée à une croissance soudaine des membres inférieurs – et l’adaptation dans coordination qu’elle requiert – exposent les jeunes femmes, estime le Dr Gray.
« Les jeunes athlètes utilisent la pilule pour de nombreuses raisons, y compris régulariser les cycles et diminuer l’abondance des règles, ajoute-t-il. La réduction des blessures pourrait venir s’ajouter à la liste. »