Ce mardi a lieu le 10e anniversaire de la Journée Française de l’allergie, la 4e maladie dans le monde après le cancer, les pathologies cardiovasculaires et le sida. A cette occasion, l’association Asthme & Allergies publie 10 propositions pour améliorer la prise en charge des personnes allergiques en France. Dépistage renforcé, alternatives aux espèces végétales allergisantes dans les parcs et jardins, équipement des véhicules de secours des pompiers en adrénaline… sont autant de propositions à destination des pouvoirs publics. Toutes ont un but identique, agir face à l’urgence d'une pathologie en pleine explosion !
En 20 ans, le nombre de personnes atteintes d’allergies a en effet doublé. Et en 2050, c'est même 50 % de la population mondiale qui sera affectée par au moins une maladie allergique, selon l’OMS (1). Pour éviter des complications à toutes ces personnes, les experts alertent sur l'importance d'une bonne prise en charge.
Cela passe tout d'abord par une bonne reconnaissance des premiers symptômes. Nez qui coule, bouché ou qui démange, toux, éternuements, sont les plus courants lors des allergies respiratoires (acariens, pollens). On peut y ajouter les picotements des yeux, les larmoiements, ou encore un sentiment d'oppression dans la poitrine.
Source : Association Asthme & Allergies
Dès qu’une personne ressent ces symptômes, elle doit consulter son médecin traitant afin de vérifier qu'il s’agit d’une allergie. Ce dernier l’orientera vers un allergologue qui confirmera ou non l’allergie et prescrira un traitement adapté. Il l'aidera aussi à agir en adoptant de bons réflexes.
Pour s'assurer de cette bonne coordination entre praticiens, l'association appelle à promouvoir le dépistage des maladies allergiques par les médecins généralistes. « Et contrairement aux idées reçues, on peut faire des tests allergologiques avant 5 ans », précise le Dr Pierrick Hordé, allergologue à Boulogne-Billancourt (92). Face aux menaces de l'environnement, les plus petits également peuvent donc être protégés.
Les conséquences de l'errance thérapeutique
Malgré les bénéfices de cette prise en charge, les patients attendent en moyenne 7 ans avant de consulter un médecin. « Ce n’est qu’un gros rhume », « Ça va passer », font partie des phrases qu'on entend régulièrement. « Enormément d'entre eux ignorent tout simplement être allergiques », confie le Dr Madeleine Epstein, allergologue à Paris. Avec un risque important à la clé. Une allergie bénigne peut se transformer en une allergie sévère aux conséquences fortement handicapantes. Cela est visiblement notamment lors de l'évolution d’une simple rhinite (éternuements ou nez qui coule) vers des problèmes respiratoires bronchiques potentiellement graves.
Une situation fréquente puisque 30 % des rhinites non traitées évoluent en asthme. Celui-ci expose en plus au risque de crises sévères, déclenchées par une forte exposition à des allergènes ou une infection, nécessitant un recours aux services d’urgences et parfois une hospitalisation. « Chaque année, l’asthme provoque près de 1 000 décès en France chez les personnes de moins de 65 ans », fait remarquer le Dr Madeleine Epstein.
Enfin, le retard diagnostique expose également à une vie intime tourmentée. Les personnes atteintes de rhinite allergique sévère ont des troubles du sommeil 4 fois plus importants, et 37 % des hommes atteints de rhinite allergique sévère souffrent de troubles de l’érection.
Observance des traitements : 30 % seulement !
Mais une fois sortis de l'errance thérapeutique, tout n'est pas gagné. L’observance, qui correspond au respect des instructions et des prescriptions médicales, est estimée à environ 50 % chez l’enfant asthmatique et diminue avec l’âge pour atteindre environ 30 % chez les adolescents et les adultes.
Face à ces chiffres, Asthme & Allergies souhaite donc systématiser l'éducation thérapeutique des patients allergiques et asthmatiques. Améliorer la prise en charge par les mutuelles des traitements de désensibilisation de l'allergie, remboursés à hauteur de 15 % par la sécurité sociale, fait aussi partie de ses pistes pour améliorer l'observance.
Actuellement, un Français sur 3 serait concerné par les allergies. Etrange, alors que dans ce pays, l'allergie n'est toujours pas reconnue en tant que spécialité médicale, contrairement à 15 autres pays. Le nombre d'allergologues connaît une baisse régulière dans l'Hexagone. « A terme, cette inégalité statutaire peut avoir des répercussions sur la prise en charge des patients atteints d'allergies graves et freiner l'installation des médecins dans d'autres pays européens par exemple », conclut l'association.
Le 22 mars 2016, de 13h à 19h, un tchat interactif est organisé sur le thème de l’allergie entre les internautes et des allergologues de toute la France, ainsi qu’une Conseillère Médicale en Environnement Intérieur (CMEI). Chacun est invité à échanger, témoigner, poser des questions et trouver des réponses : que faire pour éviter que mon allergie ne s’aggrave ? Quand aller consulter un allergologue ou un médecin ? Comment reconnaître les premiers signes de l’allergie ? Quels risques à terme pour mon enfant ? Comment se passe une consultation chez un allergologue ? Quels sont les différents traitements ? Comment éviter les crises ? Comment profiter de l’expertise d’un Conseiller Médical en Environnement Intérieur et améliorer mon environnement intérieur ?...
Rendez-vous donc sur le site de l’association (asthme-allergies.org) qui relaie le tchat cette année encore. Le dialogue pourra se poursuivre sur la page Facebook de l’Association (Association Asthme & Allergies) et via son compte Twitter (@AsthmeAllergies).
(1) Organisation Mondiale de la Santé