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QUESTION D'ACTU

13ème enquête annuelle de l’Ordre

Gardes de nuit : les médecins fatiguent

Malgré l’engagement des généralistes pour répondre aux demandes de soins en dehors des heures d’ouverture des cabinets, la permanence des soins reste fragile en 2015.

Gardes de nuit : les médecins fatiguent imagepointfr/pix5




C’est la 13ème année consécutive que le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) réalise et diffuse son enquête sur la permanence des soins ambulatoires (1) assurée par les généralistes volontaires pour répondre aux demandes de soins de la population en dehors des horaires d’ouverture des cabinets.

En 2014, les résultats avaient alarmé les pouvoirs publics. Les auteurs identifiaient des tendances à un effritement « semblant inéluctable » de cette mission de service public, « que ce soit du fait d’une poursuite de l’érosion du volontariat (constatée depuis la disparition en 2002 du tour de garde obligatoire), ou du sentiment que les mesures de compensation prises par les ARS (2) atteignaient leurs limites ». Et le bilan pour l'année 2015 n'est pas plus rassurant, « le dispositif de la PDS demeure fragile », écrit l'Ordre.

Ainsi, en 2015, au niveau national, le taux de médecins volontaires pour la PDS a été de 65 %, soit un niveau d’engagement très légèrement en baisse par rapport à 2014 (67 %). Des chiffres qui font dire aux auteurs que « la mobilisation des médecins généralistes volontaires a globalement permis de répondre aux besoins de la population en matière de permanence des soins (PDS) sur l’année 2015 ». Ils poursuivent en indiquant que « cette réalité ne doit pas néanmoins masquer les nombreuses disparités selon les territoires ». Elles sont en effet nombreuses.
 

De nombreuses disparités selon les territoires 

Alors que le pourcentage de volontaires reste supérieur à 60 % dans 66 départements (un chiffre record depuis 13 ans), 25 départements enregistrent, eux, une baisse du volontariat, dont 15 qui accusent une baisse de 10 % et plus (Alpes-de-HauteProvence, Corrèze, Creuse, Drôme, Gers, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Maine-et-Loire, Meurthe-et-Moselle, Bas-Rhin, Yonne, etc.). Pire encore, 8 % des territoires de PDS, issus de la sectorisation de chaque département par les agences régionales de santé (ARS), ne fonctionnent pas en soirée (20h-minuit) « en raison d’un déficit de médecins ».

Cette fragilisation de la PDS s’explique par certains facteurs sociaux de la population médicale, « comme la baisse de la démographie, l’inversion de la pyramide des âges, le déficit d’attrait de la profession libérale auprès des jeunes médecins ».
Mais au-delà de ces facteurs, le CNOM rappelle que « de nombreuses insuffisances persistantes dans l’organisation de la PDS entravent la mobilisation des médecins ». L'an dernier, « les crispations de la profession ont rappelé que la profession médicale était déjà en difficulté pour assurer la continuité des soins dans les horaires d’ouverture normaux des cabinets », poursuit-il.

 

Les solutions de l'Ordre 

Face à ce constat, l’Ordre regrette justement que la PDS n’ait tenu qu’une place « minime » dans la loi santé, même si la création d’un numéro d’appel unique national pour joindre la Régulation a été votée, « le CNOM ayant obtenu sa gratuité », se félicite l'institution.
L’Ordre pense donc que seule « une remise à plat profonde » de l‘organisation territoriale des soins à travers la mise en place d’un échelon territorial unique de prise en charge permettra de répondre durablement à la problématique de la PDS. Une proposition détaillée dans son livre blanc intitulé « Pour l’avenir de la santé » publié le 26 janvier 2016.

Enfin, l’Ordre appelle une nouvelle fois à une sensibilisation de la population sur la bonne utilisation du dispositif de la PDS à travers de grandes campagnes d’information qu’il réclame depuis plus de 10 ans.
 

(1) La permanence des soins a pour objectif de répondre aux demandes de soins non programmés de la population toutes les nuits, ainsi que les weekends et jours fériés. Basée sur le volontariat depuis 2002, la PDS est assurée majoritairement par les généralistes libéraux. Son organisation est régionalisée depuis 2010.

(2) Agences régionales de santé

 

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