Antirétroviraux contre l’hépatite C, nouveaux anticancéreux, mais aussi traitements pour les maladies chroniques (diabète, hypertension…) : la France ne veut plus tenter de résoudre seule le casse-tête du prix des médicaments. François Hollande aurait l’intention, selon Ouest-France, de porter cette question sur la table du prochain G7. « Ce n’est pas à l’échelon de la France que l’on trouvera la solution du contrôle du prix des médicaments innovants », confie ainsi l’Elysée.
Cette déclaration fait suite au récent manifeste de 110 cancérologues français, qui alertaient sur l’escalade des prix des thérapies innovantes contre le cancer. Dépassant parfois les 100 000 euros pour une année de traitements, certaines thérapeutiques sont en passe de poser un réel problème d’accès aux soins. Récemment, le Figaro rappelait que le Centre Léon Bérard de Lyon avait failli cesser d’administrer aux patients atteints de sarcomes rares la trabectédine : la molécule aurait généré une dépense de plus d’un million d’euros par an, à la charge de l’établissement de soins. Si depuis une solution a été trouvée, le problème reste entier car les molécules innovantes se multiplient, et leurs prix flambent.
Jean-Paul Vernant et Dominique Maraninchi, les deux promoteurs de cet appel, insistent notamment sur les incohérences observées dans l’évolution du prix de certains médicaments, sur le marché depuis plusieurs années. C’est le cas de l’imatinib, utilisé pour traiter la leucémie myéloïde chronique. En 10 ans, la molécule aurait vu son prix doubler ! Les traitements contre le cancer ne sont pas les seuls dans la ligne de mire des Etats.
Récemment, la France a engagé un véritable bras de fer avec le laboratoire Gilead pour finalement obtenir le prix le plus bas d’Europe pour le sofosbuvir. Ce traitement antirétroviral est une innovation majeure pour la prise en charge des patients atteints d’hépatite C, mais malgré cette négociation acharnée, le traitement coûte aujourd’hui un peu plus de 40 000 euros. Un prix qui pourrait conduire à restreindre les patients ayant un accès à ce type de traitement.
Population vieillissante, innovation grandissante : l’équation que doit solutionner la France concerne tous les pays développés, et bien entendu, les sept plus grandes puissances économiques qui siègent au G7. François Hollande souhaite donc profiter du prochain sommet qui se tiendra au Japon pour « que cette question soit abordée de manière très objective avec l’ensemble des principaux acteurs internationaux et qu’une initiative soit prise auprès des grandes compagnies pharmaceutiques », a ainsi confirmé un conseiller de l’Elysée.
Une autre source, citée par l’agence Reuters, précisait : « C'est la condition sine qua non pour arriver à tirer les prix vers le bas. Après, évidemment, il faudra voir dans quelles conditions : il ne s'agit en aucun cas de compromettre l'innovation ». L’union fera-t-elle la force face aux grands groupes pharmaceutiques ? Et des conditions communes à des pays si différents en matière de politique sociale que la France et les Etats-Unis existent-elles ? Réponse fin mai.